Résumé : Histoire naturelle de Buffon (1749)
Les trois premiers volumes parurent un an après la publication de L’Esprit des lois et Buffon mit quarante ans à compléter cet ouvrage. Avant de parler de l’homme et des animaux, le célèbre naturaliste explique à sa manière la formation de la terre et supplée par l’imagination à l’absence de données scientifiques. Il suppose qu’une comète a heurté le soleil qu’elle en a fait jaillir des éclats enflammés qui ont formé les planètes et la terre que nous habitons ; que la terre a été pendant trente-sept mille ans à l’état incandescent ; qu’en se refroidissant, elle a attiré les vapeurs rejetées d’abord de sa surface et qu’ainsi se sont formées les mers, qui, à leur tour, ont produit les montagnes et les vallées ; qu’au bout de vingt-cinq mille ans, elle a commencé à jouir d’une chaleur plus tempérée sous les pôles qui ont été habités les premiers par les plus grands animaux.
Buffon ne se contente pas de deviner le passé, il prétend aussi deviner l’avenir. Il prédit que la terre continuera toujours à se refroidir, que dans quatre-vingt-treize mille ans la vie n’y sera plus possible et qu’elle verra périr et s’éteindre tous ses habitants.
Dans cette magnifique rêverie sur la création, il y a des découvertes pressenties par le génie. Ainsi, la science admet aujourd’hui comme des vérités, la fluidité primitive du globe et sa chaleur centrale. Il est également prouvé qu’au-dessous d’une profondeur moyenne, la chaleur de la terre augmente en descendant et que le centre du globe est, par conséquent, à une température excessivement élevée. Mais, à côté de ces découvertes, il y a, dans le système de Buffon, des erreurs grossières. Il se trompe, par exemple, sur le refroidissement progressif du globe dont il attribue la chaleur plus au feu intérieur qu’au soleil. La chaleur intérieure ne se fait point sentir à la sur face du sol ; elle aurait beau s’éteindre tout à fait, la température extérieure, due exclusivement au soleil, ne changerait pas sur la terre. Il se trompe aussi quand il prétend que le nord a été d’abord le seul point habitable. Ce qui prouve le contraire, c’est que les éléphants, découverts sous les glaces de la Sibérie, s’y trouvent entiers, revêtus de leur chair et de leur peau. Ces grands animaux ont donc péri par une catastrophe soudaine, par un refroidissement subit et non progressif. Buffon se trompe encore sur la formation des montagnes, qui est due non pas à la mer, comme il te prétend, mais au feu intérieur de la terre.
Après avoir exposé sa théorie sur la formation et les révolutions du globe, et décrit l’homme qui en est le roi, le grand naturaliste passe à la peinture des animaux. C’est là que son style atteint un degré d’élégance, de noblesse, de richesse, de pompe et de magnificence qu’on n’a pas surpassé dans notre langue. On a mille fois loué la description du chien, du cheval, de l’écureuil, de l’éléphant, du lion, du cygne, et de bien d’autres.
[D’après Daniel Bonnefon. Les écrivains célèbres de la France, ou Histoire de la littérature française depuis l'origine de la langue jusqu'au XIXe siècle (7e éd.), 1895, Paris, Librairie Fischbacher.]
Résumé : Histoire naturelle de Buffon (1749)
Les trois premiers volumes parurent un an après la publication de L’Esprit des lois et Buffon mit quarante ans à compléter cet ouvrage. Avant de parler de l’homme et des animaux, le célèbre naturaliste explique à sa manière la formation de la terre et supplée par l’imagination à l’absence de données scientifiques. Il suppose qu’une comète a heurté le soleil qu’elle en a fait jaillir des éclats enflammés qui ont formé les planètes et la terre que nous habitons ; que la terre a été pendant trente-sept mille ans à l’état incandescent ; qu’en se refroidissant, elle a attiré les vapeurs rejetées d’abord de sa surface et qu’ainsi se sont formées les mers, qui, à leur tour, ont produit les montagnes et les vallées ; qu’au bout de vingt-cinq mille ans, elle a commencé à jouir d’une chaleur plus tempérée sous les pôles qui ont été habités les premiers par les plus grands animaux.
Buffon ne se contente pas de deviner le passé, il prétend aussi deviner l’avenir. Il prédit que la terre continuera toujours à se refroidir, que dans quatre-vingt-treize mille ans la vie n’y sera plus possible et qu’elle verra périr et s’éteindre tous ses habitants.
Dans cette magnifique rêverie sur la création, il y a des découvertes pressenties par le génie. Ainsi, la science admet aujourd’hui comme des vérités, la fluidité primitive du globe et sa chaleur centrale. Il est également prouvé qu’au-dessous d’une profondeur moyenne, la chaleur de la terre augmente en descendant et que le centre du globe est, par conséquent, à une température excessivement élevée. Mais, à côté de ces découvertes, il y a, dans le système de Buffon, des erreurs grossières. Il se trompe, par exemple, sur le refroidissement progressif du globe dont il attribue la chaleur plus au feu intérieur qu’au soleil. La chaleur intérieure ne se fait point sentir à la sur face du sol ; elle aurait beau s’éteindre tout à fait, la température extérieure, due exclusivement au soleil, ne changerait pas sur la terre. Il se trompe aussi quand il prétend que le nord a été d’abord le seul point habitable. Ce qui prouve le contraire, c’est que les éléphants, découverts sous les glaces de la Sibérie, s’y trouvent entiers, revêtus de leur chair et de leur peau. Ces grands animaux ont donc péri par une catastrophe soudaine, par un refroidissement subit et non progressif. Buffon se trompe encore sur la formation des montagnes, qui est due non pas à la mer, comme il te prétend, mais au feu intérieur de la terre.
Après avoir exposé sa théorie sur la formation et les révolutions du globe, et décrit l’homme qui en est le roi, le grand naturaliste passe à la peinture des animaux. C’est là que son style atteint un degré d’élégance, de noblesse, de richesse, de pompe et de magnificence qu’on n’a pas surpassé dans notre langue. On a mille fois loué la description du chien, du cheval, de l’écureuil, de l’éléphant, du lion, du cygne, et de bien d’autres.
[D’après Daniel Bonnefon. Les écrivains célèbres de la France, ou Histoire de la littérature française depuis l'origine de la langue jusqu'au XIXe siècle (7e éd.), 1895, Paris, Librairie Fischbacher.]
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