samedi 9 février 2019

REFLEXION SUR LA NATURE HUMAINE

REFLEXION SUR LA NATURE HUMAINE
Comment pourrait-on penser qu’un Regard Citoyen élude la question centrale de la nature humaine ?
Depuis des millénaires, l’homme s’est interrogé sur sa propre nature pour essayer de la comprendre. Et le combat fut acharné entre les principales écoles que l’on pourrait caractériser ainsi :
– Pour les uns, l’homme serait avant tout défini par une nature originelle (l’inné), souvent ressentie comme violente et pècheresse. Cette approche impose des structures sociales ou religieuses fortes capables de contenir ces excès.
– Pour d’autres, l’homme aurait été initialement bon et égalitaire et la culture, la société (l’acquis) l’auraient conduit à l’égoïsme, à la cupidité et au capitalisme que nous connaissons aujourd’hui. L’instauration d’une société sur des bases « justes » suffirait donc à le ramener à ses qualités originelles.
– Pour d’autres encore, il n’y aurait pas de nature de l’homme, puisque la variabilité de cette nature est telle qu’elle en exclut la définition même. Des régimes habiles et respectueux de cette variabilité seraient alors seuls à même de fonctionner.
Malheureusement, ces débats ne restèrent pas seulement intellectuels et servirent de justification implicite à d’innombrables régimes politiques, organisations sociales, religieuses ou systèmes judiciaires, parfois calamiteux, dont certains se firent d’ailleurs forts d’interdire pour un temps toute discussion sur l’hypothèse qui les avait fait naître.
Les travaux scientifiques de ces dernières années ont apporté une vision plus nuancée de la réalité et établi quelques bases nouvelles que nous allons tenter de résumer ici :
Il existe chez l’homme un socle biologique, souvent partagé avec de nombreux animaux, et invariant à l’échelle de l’histoire humaine et dont on peut donner quelques illustrations :
– Caractère physiologique de certains comportements comprenant par exemple la déglutition, l’expression faciale du sourire, de la tristesse, de la peur, de la surprise, la salutation du regard avec inclination de la tête proportionnelle à la différence de statut, le baisemain (utilisé par les chimpanzés) pour amadouer le dominant qui sont identiques entre espèces supérieures, entre sociétés humaines et apparaissent dès la naissance. Il est extrêmement difficile de contrôler le déclenchement de ces comportements par ailleurs inarrêtables en cours d’exécution.
– Existence physiologique de la motivation qui génère une sensation de plaisir au travers d’un circuit cérébral de récompense, incitant ainsi l’homme à satisfaire des besoins fondamentaux tels que se nourrir, boire, se protéger du froid, se reproduire….Ces circuits peuvent d’ailleurs être utilisés de manière identique pour des besoins psychologiques.
– Gestes de communications non verbales pour communiquer des émotions ou des motivations (bâillements pour synchroniser cycle du sommeil). Certains de ces gestes, permis après le passage au bipédisme et la libération des mains, sont spécifiques à l’homme et ont été nécessaires à la réussite de l’activité de chasse : doigts devant la bouche pour demander silence, bras tendu et main à plat pour demander d’arrêter, main tournée vers soi avec rapides flexions des bras pour dire d’avancer
– Existence de peurs primitives innées et de comportements types face à ces peurs, communs avec nombre d’animaux : la fuite, la lutte ou l’inhibition de l’action dont une variante est la « stratégie du bourgeois » qui consiste en une fuite si la peur survient hors de son territoire ou une lutte si elle survient sur son territoire.
– Etude de la tension permanente entre agressivité et altruisme : ce dernier, décroit de la famille immédiate au groupe, et n’évolue au sein du groupe que si celui-ci est en compétition avec d’autres groupes, même s’il est composé exclusivement de parents.
– Caractère inné d’un certain nombre d’émotions et de leur manifestation: peur, colère, surprise, tristesse..
Cette nature primitive évoluant très lentement n’est d’ailleurs pas toujours adaptée à notre monde actuel : par exemple l’attirance pour le sucre et les graisses, justifiée par leur rareté dans la plaine africaine originelle, a plutôt des conséquences néfastes dans notre civilisation actuelle !
Mais le cerveau humain comprend également quelques spécificités distinctives, en particulier la taille du lobe frontal et des lobes préfrontaux du cerveau qui sont le lieu de fonctions particulièrement développées chez l’homme : capacité d’abstraction, raisonnement, créativité, mémorisation, planification, anticipation, compétences sociales, processus affectifs.
Au prix d’efforts parfois importants, ces fonctions fortement imprégnées par la culture et l’apprentissage sont capables d’inhiber, ou plus fréquemment, de moduler les comportements instinctifs.
En résumé, la querelle de nos anciens parait un peu dépassée et l’on pourrait dire que l’homme, fondamentalement instinctif sans d’ailleurs que ce qualificatif implique un jugement de valeur, a acquis une capacité physiologique et culturelle à moduler ( contrôler ou… amplifier !) ses instincts pour les adapter à son environnement social, à ses intérêts, à ses passions ou à ses idéaux.
La nature humaine n’est donc ni complétement innée, ni totalement culturelle, ni bonne, ni mauvaise. Avec ses constantes et sa part de variabilité, elle est. Et l’ignorance ou le refus de la permanence de certaines de ses caractéristiques expose sans doute à de sévères désillusions.
L’histoire enseigne d’ailleurs que les régimes politiques ou systèmes religieux qui ont voulu ignorer ce fondement instinctif, n’ont jamais réussi, même par la force, à s’établir durablement…..et que la publicité, qui en a aujourd’hui percé quelques ressorts, étale insolemment son succès planétaire.

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