Albert Camus, L'Exil et le Royaume : résumé
L'Exil et le Royaume est le dernier livre
d'Albert Camus, publié de son vivant. Ce recueil de six nouvelles a été
édité en 1957. Il a été récompensé par le prix Nobel la même année.
De 1952 à 1956, Albert Camus entreprend l'écriture de nouvelles à partir d'un sommaire. Il invoque, sous forme d'allégories, ses déchirures en tant qu'intellectuel face à la politique et à l'actualité. Ses souvenirs d'enfance et de voyage sont utilisés comme toile de fond (Algérie, France, Brésil).
La ligne conductrice de ce recueil de nouvelles est le sentiment d'insatisfaction et d'échec de chaque acteur de l'histoire. Celui-ci a la sensation d'être prisonnier de son corps et de sa vie, il lui est difficile d'atteindre "le royaume", à savoir le bonheur et un sens à sa vie. Les décors sont changeants mais la solitude et l'exil sont communs. Le héros (ou héroïne) se sent impuissant face au jugement de l'autre, jugement qu'il aimerait changer: il devient "l'étranger".
Le symbole est commun aux textes de L’exil et le royaume: Albert Camus l'utilise sous forme de contrastes ou d'associations d'éléments qui vont toujours par deux (personnages, situations, haut et bas des paysages)..
La mer, la pierre, le soleil, le silence sont constamment présents, ils sont les témoins de ces six nouvelles:
Janine connait Marcel depuis vingt-cinq ans. Elle souhaitait vivre une vie libre mais par peur de vieillir seule, elle a accepté d'épouser Marcel, l'étudiant en droit. Elle considère sa vie médiocre: son bonheur se limite à se sentir aimée et à exister à travers lui.
Un jour, Marcel, vendeur de tissus, l'incite à l'accompagner dans les villages du sud et des hauts-plateaux: il souhaite s'adresser directement aux marchands arabes. Elle, qui n'a jamais eu conscience de vivre avec les Arabes et n'a même jamais parlé avec eux, les côtoie dans l'autocar. A travers les vitres, elle observe le vent, le sable, l'immensité, le froid, les formes drapées... Elle se demande pourquoi elle est venue.
Lors d'une étape, les époux se dirigent vers l'escalier du fort. Là, Janine a le sentiment de trouver ce qu'elle a toujours attendu et qui lui manquait. Ses yeux se portent sur l'espace sans limites, au-delà de la palmeraie.
Oppressée, dans la nuit, Janine prend conscience d'un poids qu'elle traine depuis vingt ans. Elle quitte sa chambre d'hôtel et laisse son mari qui dort. Elle s'élance jusqu'au fort et arrête sa course face au désert immense. Cette nuit-là, elle épouse l'atmosphère nocturne et s'ouvre au monde, qui, l'espace d'un seul instant lui appartient.... Après ce moment d'extase, elle retourne dans la cambre et rejoint son mari. Elle pleure.
Un jeune protestant se convertit au catholicisme. Le séminariste a pour but de devenir un exemple et comme mission, celle de "montrer Son Seigneur". L'occasion lui est donnée alors qu'il fuit le séminaire d'Alger et pénètre dans la cité du sel, Taghâsa. Détenteur du pouvoir absolu, il souhaite faire capituler l'adversaire.
La situation se retourne contre lui, il est fait prisonnier et c'est lui qui se soumet devant le fétiche. Une poignée de grains et de l'eau noire deviennent sa seule nourriture. Mutilé, il vénère ses nouveaux maîtres alors qu'il s'opposait, autrefois, aux anciens, à son père et à l'Europe. Le monologue du Renégat est un délire fait d'hallucinations, qui commence dès l'aube et se prend fin au même moment. Entre-temps, les jours s'écoulent. Le soleil brûle et continue sa course, passé et présent s'entremêlent.
Un coup de crosse s'abat sur le visage souriant du père Beffort qui vient le remplacer: par cette action, le séminariste règle son compte à l'amour et à la bonté. Une poignée de sel dans la bouche le fait taire.
Les Muets retrace l’univers de la tonnellerie et l’échec d’une grève. La concurrence avec la construction de bateaux et des camions-citernes a fait chuter le chiffre d'affaire de la tonnellerie. Malgré cela, les patrons veulent maintenir leur marge de bénéfice, les hommes sont mal payés. Les ouvriers, en colère, exigent une augmentation mais la direction n'est pas d'accord: elle leur dit que c'est à prendre ou à laisser. Le travail reprend après vingt jours de grève.
Un jour, Yvars remarque les ouvriers devant les portes de l'atelier fermées. La porte s'ouvre, le travail repart une fois de plus mais le silence pesant s'installe entre patron et employés. Alors que l'ambulance emporte la petite-fille du patron, un autre silence s'impose, celui de la compassion...
Le soir, Yvars, retrouve sa famille avec bonheur. Devant un verre d'anisette, il se confie à sa femme. Il voudrait être jeune, tout recommencer et partir de l'autre côté de la mer.
Daru, l'instituteur d'une école de campagne en Algérie, est chargé par son ami Balducci, gendarme, d'escorter un prisonnier arabe. Le lieu désigné est la prison la plus proche située à Tinguit. Mais ce rôle d'accompagnateur déplait à Daru: il libère l'homme qui aurait tué son cousin, le nourrit et le loge. Le lendemain, il constate que l'homme est toujours là. Il dort tranquillement...
Le maître a offert de l'argent et de quoi se restaurer au prisonnier. Ils reprennent la route. Au sommet d'une colline, l’instituteur s'arrête. Il désigne à son compagnon le chemin vers la prison et la direction où vivent des nomades qui pourraient le recevoir. Il repart et laisse l'Arabe décider de son destin... Du haut de la colline, il voit l'Arabe se diriger vers la prison. De retour, sur le tableau noir de sa classe, des menaces pour avoir livré l'Arabe sont visibles: il se sent seul.
Jonas ne vit que pour le dessin et la peinture, avec lesquels il excelle. Il pense que son talent est un don de Dieu. Alors qu'il connait le succès qui grandit en même tant que ses enfants dont il ne s'occupe pas, il est mensualisé. Son avenir financier assuré, il a la certitude que sa gloire est méritée. Des admirateurs l'entourent. Louise, sa femme, dirige la maison, alors que lui demeure dans son cocon doré.
La notoriété lui monte à la tête. Le succès le grise, à tel point qu'il l'empêche de créer. L'alcool, les femmes remplacent le plaisir de l'art et de la création. Devant la toile blanche toujours vierge, il rêve et réfléchit. Sa famille est malheureuse. Il ne s'en rend pas compte. Son épouse fait appel au médecin qui assure qu'il s'en sortira mais sur une toile, un mot apparait: "solitaire" ou solidaire".
C'est la seule nouvelle dont le cadre ne se situe ni en France, ni en Afrique et qui a une fin différente et heureuse. D’Arrast, ingénieur, est envoyé au Brésil. Dans le village constamment inondé, il doit faire construire une digue, le long d'un fleuve. Les notables d'Iguape l'accueillent avec joie mais une certaine hostilité de la part de la communauté noire et pauvre est ressentie. Un homme de ce peuple, le Coq, lui est présenté. Le Coq a promis de porter une pierre de cinquante kilos sur son dos: par cette action, il souhaite remercier Jésus de lui avoir laissé la vie sauve suite à un naufrage.
Lors des fêtes pour Saint Georges, où se mêlent transes et cris des indigènes, D'Arrast, qui se sentait seul, s'associe à la procession. Quand le Coq s'écroule sous le poids de la pierre, D'Arrast prend la relève. Il porte la pierre jusqu'au foyer rougeoyant du Coq. La joie l'inonde. Dans la case, le peuple demande qu'il se joigne à eux, il est enfin accepté.
De 1952 à 1956, Albert Camus entreprend l'écriture de nouvelles à partir d'un sommaire. Il invoque, sous forme d'allégories, ses déchirures en tant qu'intellectuel face à la politique et à l'actualité. Ses souvenirs d'enfance et de voyage sont utilisés comme toile de fond (Algérie, France, Brésil).
La ligne conductrice de ce recueil de nouvelles est le sentiment d'insatisfaction et d'échec de chaque acteur de l'histoire. Celui-ci a la sensation d'être prisonnier de son corps et de sa vie, il lui est difficile d'atteindre "le royaume", à savoir le bonheur et un sens à sa vie. Les décors sont changeants mais la solitude et l'exil sont communs. Le héros (ou héroïne) se sent impuissant face au jugement de l'autre, jugement qu'il aimerait changer: il devient "l'étranger".
Le symbole est commun aux textes de L’exil et le royaume: Albert Camus l'utilise sous forme de contrastes ou d'associations d'éléments qui vont toujours par deux (personnages, situations, haut et bas des paysages)..
La mer, la pierre, le soleil, le silence sont constamment présents, ils sont les témoins de ces six nouvelles:
La Femme adultère
Janine connait Marcel depuis vingt-cinq ans. Elle souhaitait vivre une vie libre mais par peur de vieillir seule, elle a accepté d'épouser Marcel, l'étudiant en droit. Elle considère sa vie médiocre: son bonheur se limite à se sentir aimée et à exister à travers lui.
Un jour, Marcel, vendeur de tissus, l'incite à l'accompagner dans les villages du sud et des hauts-plateaux: il souhaite s'adresser directement aux marchands arabes. Elle, qui n'a jamais eu conscience de vivre avec les Arabes et n'a même jamais parlé avec eux, les côtoie dans l'autocar. A travers les vitres, elle observe le vent, le sable, l'immensité, le froid, les formes drapées... Elle se demande pourquoi elle est venue.
Lors d'une étape, les époux se dirigent vers l'escalier du fort. Là, Janine a le sentiment de trouver ce qu'elle a toujours attendu et qui lui manquait. Ses yeux se portent sur l'espace sans limites, au-delà de la palmeraie.
Oppressée, dans la nuit, Janine prend conscience d'un poids qu'elle traine depuis vingt ans. Elle quitte sa chambre d'hôtel et laisse son mari qui dort. Elle s'élance jusqu'au fort et arrête sa course face au désert immense. Cette nuit-là, elle épouse l'atmosphère nocturne et s'ouvre au monde, qui, l'espace d'un seul instant lui appartient.... Après ce moment d'extase, elle retourne dans la cambre et rejoint son mari. Elle pleure.
Le Renégat (ou un esprit confus)
Un jeune protestant se convertit au catholicisme. Le séminariste a pour but de devenir un exemple et comme mission, celle de "montrer Son Seigneur". L'occasion lui est donnée alors qu'il fuit le séminaire d'Alger et pénètre dans la cité du sel, Taghâsa. Détenteur du pouvoir absolu, il souhaite faire capituler l'adversaire.
La situation se retourne contre lui, il est fait prisonnier et c'est lui qui se soumet devant le fétiche. Une poignée de grains et de l'eau noire deviennent sa seule nourriture. Mutilé, il vénère ses nouveaux maîtres alors qu'il s'opposait, autrefois, aux anciens, à son père et à l'Europe. Le monologue du Renégat est un délire fait d'hallucinations, qui commence dès l'aube et se prend fin au même moment. Entre-temps, les jours s'écoulent. Le soleil brûle et continue sa course, passé et présent s'entremêlent.
Un coup de crosse s'abat sur le visage souriant du père Beffort qui vient le remplacer: par cette action, le séminariste règle son compte à l'amour et à la bonté. Une poignée de sel dans la bouche le fait taire.
Les Muets
Les Muets retrace l’univers de la tonnellerie et l’échec d’une grève. La concurrence avec la construction de bateaux et des camions-citernes a fait chuter le chiffre d'affaire de la tonnellerie. Malgré cela, les patrons veulent maintenir leur marge de bénéfice, les hommes sont mal payés. Les ouvriers, en colère, exigent une augmentation mais la direction n'est pas d'accord: elle leur dit que c'est à prendre ou à laisser. Le travail reprend après vingt jours de grève.
Un jour, Yvars remarque les ouvriers devant les portes de l'atelier fermées. La porte s'ouvre, le travail repart une fois de plus mais le silence pesant s'installe entre patron et employés. Alors que l'ambulance emporte la petite-fille du patron, un autre silence s'impose, celui de la compassion...
Le soir, Yvars, retrouve sa famille avec bonheur. Devant un verre d'anisette, il se confie à sa femme. Il voudrait être jeune, tout recommencer et partir de l'autre côté de la mer.
L’Hôte
Daru, l'instituteur d'une école de campagne en Algérie, est chargé par son ami Balducci, gendarme, d'escorter un prisonnier arabe. Le lieu désigné est la prison la plus proche située à Tinguit. Mais ce rôle d'accompagnateur déplait à Daru: il libère l'homme qui aurait tué son cousin, le nourrit et le loge. Le lendemain, il constate que l'homme est toujours là. Il dort tranquillement...
Le maître a offert de l'argent et de quoi se restaurer au prisonnier. Ils reprennent la route. Au sommet d'une colline, l’instituteur s'arrête. Il désigne à son compagnon le chemin vers la prison et la direction où vivent des nomades qui pourraient le recevoir. Il repart et laisse l'Arabe décider de son destin... Du haut de la colline, il voit l'Arabe se diriger vers la prison. De retour, sur le tableau noir de sa classe, des menaces pour avoir livré l'Arabe sont visibles: il se sent seul.
Jonas (l'Artiste au travail)
Jonas ne vit que pour le dessin et la peinture, avec lesquels il excelle. Il pense que son talent est un don de Dieu. Alors qu'il connait le succès qui grandit en même tant que ses enfants dont il ne s'occupe pas, il est mensualisé. Son avenir financier assuré, il a la certitude que sa gloire est méritée. Des admirateurs l'entourent. Louise, sa femme, dirige la maison, alors que lui demeure dans son cocon doré.
La notoriété lui monte à la tête. Le succès le grise, à tel point qu'il l'empêche de créer. L'alcool, les femmes remplacent le plaisir de l'art et de la création. Devant la toile blanche toujours vierge, il rêve et réfléchit. Sa famille est malheureuse. Il ne s'en rend pas compte. Son épouse fait appel au médecin qui assure qu'il s'en sortira mais sur une toile, un mot apparait: "solitaire" ou solidaire".
La Pierre qui pousse
C'est la seule nouvelle dont le cadre ne se situe ni en France, ni en Afrique et qui a une fin différente et heureuse. D’Arrast, ingénieur, est envoyé au Brésil. Dans le village constamment inondé, il doit faire construire une digue, le long d'un fleuve. Les notables d'Iguape l'accueillent avec joie mais une certaine hostilité de la part de la communauté noire et pauvre est ressentie. Un homme de ce peuple, le Coq, lui est présenté. Le Coq a promis de porter une pierre de cinquante kilos sur son dos: par cette action, il souhaite remercier Jésus de lui avoir laissé la vie sauve suite à un naufrage.
Lors des fêtes pour Saint Georges, où se mêlent transes et cris des indigènes, D'Arrast, qui se sentait seul, s'associe à la procession. Quand le Coq s'écroule sous le poids de la pierre, D'Arrast prend la relève. Il porte la pierre jusqu'au foyer rougeoyant du Coq. La joie l'inonde. Dans la case, le peuple demande qu'il se joigne à eux, il est enfin accepté.
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