lundi 4 mars 2019

Voltaire, Le Mondain (Commentaire composé)

Voltaire, Le Mondain (Commentaire composé)

Texte étudié :

Regrettera qui veut le bon vieux temps,
Et l'âge d'or, et le règne d'Astrée,
Et les beaux jours de Saturne et de Rhée,
Et le jardin de nos premiers parents;
Moi je rends grâce à la nature sage
Qui, pour mon bien, m'a fait naître en cet âge
Tant décrié par nos tristes frondeurs :
Ce temps profane est tout fait pour mes mœurs.
J'aime le luxe, et même la mollesse,
Tous les plaisirs, les arts de toute espèce,
La propreté, le goût, les ornements :
Tout honnête homme a de tels sentiments.
Il est bien doux pour mon cœur très immonde
De voir ici l'abondance à la ronde,
Mère des arts et des heureux travaux,
Nous apporter, de sa source féconde,
Et des besoins et des plaisirs nouveaux.
L'or de la terre et les trésors de l'onde,
Leurs habitants et les peuples de l'air,
Tout sert au luxe, aux plaisirs de ce monde.
O le bon temps que ce siècle de fer !
Le superflu, chose très nécessaire,
A réuni l'un et l'autre hémisphère.
Voyez-vous pas ces agiles vaisseaux
Qui, du Texel, de Londres, de Bordeaux,
S'en vont chercher, par un heureux échange,
De nouveaux biens, nés aux sources du Gange,
Tandis qu'au loin, vainqueurs des musulmans,
Nos vins de France enivrent les sultans ?
Quand la nature était dans son enfance,
Nos bons aïeux vivaient dans l'ignorance,
Ne connaissant ni le tien ni le mien.
Qu'auraient-ils pu connaître ? ils n'avaient rien.
Ils étaient nus : et c'est chose très claire
Que qui n'a rien n'a nul partage à faire.
Sobres étaient. Ah! je le crois encor :
Martialo n'est point du siècle d'or.
D'un bon vin frais ou la mousse ou la sève
Ne gratta point le triste gosier d'Eve;
La soie et l'or ne brillaient point chez eux.
Admirez-vous pour cela nos aïeux?
Il leur manquait l'industrie et l'aisance :
Est-ce vertu ? c'était pure ignorance.
Quel idiot, s'il avait eu pour lors
Quelque bon lit, aurait couché dehors ? [...]
Or maintenant, monsieur du Télémaque,
Vantez-nous bien votre petite Ithaque,
Votre Salente, et vos murs malheureux,
Où vos Crétois, tristement vertueux,
Pauvres d'effet, et riches d'abstinence,
Manquent de tout pour avoir l'abondance :
J'admire fort votre style flatteur,
Et votre prose, encor qu'un peu traînante;
Mais, mon ami, je consens de grand cœur
D'être fessé dans vos murs de Salente,
Si je vais là pour chercher mon bonheur.
Et vous, jardin de ce premier bonhomme,
Jardin fameux par le diable et la pomme,
C'est bien en vain que, par l'orgueil séduits
Huet, Calmet, dans leur savante audace,
Du paradis ont recherché la place :
Le paradis terrestre est où je suis.

Voltaire, Le Mondain

Introduction :

L'engagement du poète n'est pas toujours d'ordre social et politique. Il peut aussi prendre position dans de grands débats intellectuels de son époque. C'est le cas de Voltaire qui en écrivant Le Mondain choisit de faire l'éloge du progrès économique, thème cher aux philosophes des Lumières. Comment le débat est-il posé ? Quelle position Voltaire adopte-t-il ? Sommes-nous entrés dans un processus de décadence morale ? Quel est le plus bel âge de l'Humanité ? Nous étudierons tout d'abord la thèse de l'âge d'or puis enfin nous verrons le triomphe de l'autre thèse.

I). La thèse de l'âge d'or : les partisans de la tradition.

Les références grecques, romaines ou chrétiennes. Il y a le champ lexical des origines. Les arguments élaborés par Voltaire sont ceux de l'innocence, pas de propriété de vertu et la sobriété.
Sa réfutation, formule initiale « regrettera qui veut ».
Au vers 30, reprise de la sobriété des Anciens avec des formules négatives, ils n'avaient rien, ils étaient nus : « la vertu » devient un défaut.
Importance de la question rhétorique.

II). Triomphe de l'autre thèse, éloge du progrès.

Le passé est opposé avec le présent, « le paradis est où je suis ».
Il y a une reprise : ce temps profane, ce siècle de fer, ces nouveaux biens. Un siècle d'abondance et de plaisir.
Sobriété est opposé avec le luxe. Il y prône le raffinement des sens tels que le goût, le toucher, la vue, le vin, l'or.
La simplicité est opposé au superflu.
Des valeurs profanes :
-         l'industrie                                                                 valeurs religieuses,
-         le commerce                       opposés aux                  « le triste gosier d'Eve »,
-         les arts                                                                      évocation négative et
-         le bonheur matériel                                                  irrespectueuse

Conclusion :

Ce texte est « La profession de foi » matérialiste et anti-religieuse d'un philosophe des Lumières.
Il y a beaucoup d'idées reprises dans l'Encyclopédie.

SUPERVEILLE : L'ARBRE

SUPERVEILLE : L'ARBRE
Introduction (Caractéristiques du poème) :
  • Poème écrit par Jules Supervielle en 1934. La problématique du recueil est l'intimisme métaphysique.
  • Ce qui caractérise l'arbre (titre du poème) est qu'il est l'intermédiaire entre la terre et le ciel. L'homme peut-être à l'image de l'arbre, une sorte de pont entre le monde matériel dans lequel il vit et le ciel. En fait, si l'arbre fascine tellement l'homme, c'est que quelque part il lui ressemble.
  • En effet, l'arbre est lui aussi voué au drame de la vie : la mort. Il est contemplation, fascination, méditation.
  • Le poème va du passé vers le présent : Il commence par "Il y avait" et "où passe une petite fourmi" marque une rupture avec le passé.
    • 1er volet : On va de l'homme à l'arbre.
    • 2nde volet : On va de l'arbre à l'homme (contemplation).
  • Ce qu'on dit du bois se dit aussi du coeur humain ; Bien que nous soyons comme l'arbre à des égards il est mieux que nous car il sait résister au temps.
  • Les vers sont libres, et la plupart du temps pairs.
Texte étudié :
Il y avait autrefois de l'affection, de tendres sentiments,
C'est devenu du bois.
Il y avait une grande politesse de paroles,
C'est du bois maintenant, des ramilles, du feuillage.
Il y avait de jolis habits autour d'un cœur d'amoureuse
Ou d'amoureux, oui, quel était le sexe?
C'est devenu du bois sans intentions apparentes
Et si l'on coupe une branche et qu'on regarde la fibre
Elle reste muette
Du moins pour les oreilles humaines,
Pas un seul mot n'en sort mais un silence sans nuances
Vient des fibrilles de toute sorte où passe une petite fourmi.
Comme il se contorsionne l'arbre, comme il va dans tous les sens,
Tout en restant immobile !
Et par là-dessus le vent essaie de le mettre en route,
Il voudrait en faire une espèce d'oiseau bien plus grand que nature
Parmi les autres oiseaux
Mais lui ne fait pas attention,
Il faut savoir être un arbre durant les quatre saisons,
Et regarder, pour mieux se taire,
Écouter les paroles des hommes et ne jamais répondre,
Il faut savoir être tout entier dans une feuille
Et la voir qui s'envole.

Plan :
Hypothèse de lecture : Image de l'arbre comme un ami inconnu
  • I. L'arbre comme l'homme connaît la mort, l’expérience de la sclérose, le vieillissement.
  • II. Mais l'arbre peut nous apprendre à durer, mieux résister au néant.
Commentaire :
I - L'arbre, comme l'homme, connaît la mort, la sclérose, le vieillissement
  • Marqueurs temporels puissants : "il y avait autrefois" + utilisation du passé dans la formule : on va de l'homme à l'arbre.
  • Champ lexical du sentiment : "affection, coeur d'amoureuse" qui évoque la possibilité que le couple ne s'aime plus, que l'amour s'est estompé.
  • Dureté des sentiments : rapport au bois où le sang ne passe pas (pas de sentiment). La dégradation suggère un couple d'humains qui se défait, il n'y a plus d'amour, plus de communication.
  • "sans intentions apparentes" : L'apparence peut ressembler à un comportement où l'amour persiste mais il n'y a rien derrière. L'accent est ici mis sur l'arbre (on sent oublier le couple).
  • Approche métaphorique de l'arbre : personnification => "Si on coupe une branche muette" => La vie n'est plus là, la sève n'est plus là. Il y a une personnification mais ausi un silence négatif qui après devient positif (dans le second volet).
  • Clin d'oeil d'humour du poète : Il fait comme si il avait oublié la différence entre le coeur humain et le coeur de l'arbre.
  • Phrase finale un peu molle marquée par un seul mot : "fourmi". C'est la première rime masculine du poème, avec une sonorité pointu qui nous réveille, nous remet à flot.
  • Hyperbolisation : "silence sans nuances, pas un seul mot" + intensité des silences. Et d'un seul coup, contrepoids avec une rime en "i". La fourmi correspond à la survie, la besogneuse. Ce n'est pas un hasard : Tant qu'il y a un peu de vie, il faut la vivre et lui donner tout son prix.
  • La fourmi est en quelque sorte l'étincelle de vie sur cette branche qui est desséchée.
II - Mais l'arbre peut nous apprendre à durer, à mieux résister au néant
  • Second volet : On passe de la méditation à la contemplation / D'un mécanisme au passé à un au présent / De l'arbre à l'homme (parallélisme intéressant).
  • Lexique du mouvement : "contorsionner, aller dans les sensé" : L'arbre est vivant, agité par le vent. Il est d'ailleurs personnifié par le terme "contorsionné".
  • L'arbre est comme nous mais a aussi des avantages sur nous.
  • Simultanément, il bouge mais est "immobile" : Il est l'intermédiaire entre le monde matériel et le monde spirituel. Son immobilité fait sa force.
  • Le vent est assimilé à une voie, il est facteur d'illusion : "par là-dessus le vent essaye d'introduire sa vérité => Il veut faire croire à l'arbre qu'il va lui permettre de s'envoler, qu'il n'est que spiritualité. (Oiseau = spiritualité).
  • Même si l'arbre comme nous est destiné à mourir, il a cependant subi les quatre saisons.
  • La contemplation est intense, le silence est ici positif : "regarder pour mieux se taire" => Combien de communications inutiles voire dangereuses viennent nous détourner de l'essentiel ? On regarde la feuille, on la voit s'envoler. Il n'y a pas de mot supplémentaire, ni d'émotion car l'essentiel est d'avoir été la feuille en vie (acceptation de la finitude = la mort). L'utilisation du verbe "voir" est d'ailleurs très simple.
  • Fin du vers :
    • Résignation : Conseil de Supervielle : Limiter, éviter les communications inutiles.
    • Grandeur : On doit revendiquer ce passage là, cette recherche du sens de la vie.
Conclusion : Il y a une fusion avec l'arbre, la nature, on n'est pas isolé. En même temps, on découvre que cet arbre peut devenir une image amicale de nous-même. Quelque chose d'optimiste se met alors en place. On a écouté la double leçon de l'arbre.

CHEVALIER DE JAUCOURT : ENCYCLOPEDIE : ARTICLE "TRAITE DES NEGRES" (COMMENTAIRE COMPOSE)

CHEVALIER DE JAUCOURT : ENCYCLOPEDIE : ARTICLE "TRAITE DES NEGRES" (COMMENTAIRE COMPOSE)
Introduction :
L'article « Traite des nègres » définit l'esclavage et la manière dont il fonctionne. L'auteur de l'article, le Chevalier de Jaucourt, rattache le problème à celui, plus politique, des relations entre rois et sujets.
Texte étudié :
Traite des nègres (Commerce d'Afrique). C'est l'achat des nègres que font les Européens sur les côtes d'Afrique, pour employer ces malheureux dans leurs colonies en qualité d'esclaves. Cet achat de nègres, pour les réduire en esclavage, est un négoce qui viole la religion, la morale, les lois naturelles, et tous les droits de la nature humaine.

Les nègres, dit un Anglais moderne plein de lumières et d'humanité, ne sont point devenus esclaves par le droit de la guerre ; ils ne se dévouent pas non plus volontairement eux-mêmes à la servitude, et par conséquent leurs enfants ne naissent point esclaves. Personne n'ignore qu'on les achète de leurs princes, qui prétendent avoir droit de disposer de leur liberté, et que les négociants les font transporter de la même manière que leurs autres marchandises, soit dans leurs colonies, soit en Amérique où ils les exposent en vente.

Si un commerce de ce genre peut être justifié par un principe de morale, il n'y a point de crime, quelque atroce qu'il soit, qu'on ne puisse légitimer. Les rois, les princes, les magistrats ne sont point les propriétaires de leurs sujets, ils ne sont donc pas en droit de disposer de leur liberté, et de les vendre pour esclaves.

D'un autre côté, aucun homme n'a droit de les acheter ou de s'en rendre le maître ; les hommes et leur liberté ne sont point un objet de commerce ; ils ne peuvent être ni vendus, ni achetés, ni payés à aucun prix. Il faut conclure de là qu'un homme dont l'esclave prend la fuite, ne doit s'en prendre qu'à lui-même, puisqu'il avait acquis à prix d'argent une marchandise illicite, et dont l'acquisition lui était interdite par toutes les lois de l'humanité et de l'équité.

Il n'y a donc pas un seul de ces infortunés que l'on prétend n'être que des esclaves, qui n'ait droit d'être déclaré libre, puisqu'il n'a jamais perdu la liberté ; qu'il ne pouvait pas la perdre ; et que son prince, son père, et qui que ce soit dans le monde n'avait le pouvoir d'en disposer ; par conséquent la vente qui en a été faite est nulle en elle-même : ce nègre ne se dépouille, et ne peut pas même se dépouiller jamais de son droit naturel ; il le porte partout avec lui, et il peut exiger partout qu'on l'en laisse jouir. C'est donc une inhumanité manifeste de la part des juges de pays libres où il est transporté, de ne pas l'affranchir à l'instant en le déclarant libre, puisque c'est leur semblable, ayant une âme comme eux.

Chevalier de Jacourt, Encyclopédie
Analyse :
I) Un article virulent qui ne cache pas son parti pris et s'inscrit dans le combat des Lumières
L'article commence par une définition, que l'auteur développe ensuite en y ajoutant ses propres commentaires et jugements de valeurs. Il énonce tout d'abord les protagonistes, les lieux, les causes et les conséquences. L'auteur se positionne dès le début, « ces malheureux ». Il fait preuve de compassion puis expose le violent sentiment d'injustice qu'il ressent par une énumération en crescendo des domaines violés par les esclavagistes : la religion, la morale, les lois naturelles, les droits de la nature humaine. Son avis sur la question est sans appel : c'est un « crime atroce », dont les victimes sont « des objets de commerce », « une marchandise illicite », « interdite par toutes les lois ». L'article est une véritable critique, portée par des arguments rationnels qui font appel au droit et à la légalité. Sans être exempt de sentiments, l'auteur privilégie toutefois la démonstration méthodique et efficace de l'illégitimité de l'esclavage, qui est une atteinte aux principes religieux et moraux. Le texte est construit sur une véritable logique, découpé en paragraphes, et plusieurs connecteurs logiques assurent l'efficacité de l'argumentation : « par conséquent », « d'un autre côté », « il faut conclure de là », « donc »…
II) Le commerce immoral des êtres humains
L'esclavage est présenté de manière récurrente comme un commerce qui réduit les êtres humains à de vulgaires marchandises. Le champ lexical du commerce est omniprésent : « achat des nègres », « négoce », « achète », « transporter », « marchandise », « vente », « acquis à prix d'argent », « acquisition ». Ces termes, associés à des hommes, portent déjà en soi une valeur négative, mais sont encore plus dépréciatifs lorsque l'auteur leur adjoint des expressions comme « crime atroce », ou « une inhumanité manifeste ». L'auteur s'attaque aux vendeurs et aux acheteurs d'esclaves, qui abusent de la faiblesse des plus pauvres et agissent hors la loi, celle universelle de l'humanité, du respect de l'être humain. Le champ lexical du droit et de la justice est très présent, et donne un argument d'autorité à l'auteur qui mène à terme de véritables démonstrations juridiques de l'inanité de l'esclavage. Il s'attaque aux abus de pouvoir des puissants qui défient le droit.
III) La privatisation des libertés des plus faibles par les plus forts
La condamnation de l'esclavage repose aussi sur le fait que cette pratique constitue une privation inacceptable de liberté. « Réduire en esclavage », «  devenu esclave », « disposer de leur liberté et vendre pour esclave », « s'en rendre le maître ». L'auteur conclut dans le dernier paragraphe que toute vente d'esclave est nulle = invalide car hors la loi, et qu'aucun homme ne peut perdre sa liberté car il n'appartient à personne de la lui enlever. La fin du texte s'assimile à un décret juridique : tout esclave transporté dans un Etat de droit doit être aussitôt libéré par la justice au nom du respect inaliénable dû à chaque être humain.
IV) Les positions du narrateur
Il assume sa subjectivité et quitte très vite le stade de la pure définition pour se saisir de la liberté d'expression que lui offre L'Encyclopédie. Il favorise certes les arguments juridiques et rationnels mais ponctue son article de sentiments très personnels. Il n'est pas indifférent à la condition des esclaves, et éprouve au contraire de la compassion et de l'empathie. Il s'indigne, et sa farouche volonté de dénoncer ce commerce est clairement visible. Il utilise des formules catégoriques pour exprimer son opinion, qu'il ne nuance pas. Choix du verbe « prétendre » à commenter.
Conclusion :
L'auteur s'est efforcé de consolider son argumentation en faisant appel à des notions de droit, sans exclure ses propres jugements de valeur. Le choix d'une expression dépouillée mais polémique crée le pathétique.

Paul Auster, Brooklyn Follies : résumé de l'oeuvre


Paul Auster, Brooklyn Follies : résumé de l'oeuvre


Ouverture

Nathan déménage à Brooklyn. Sa fille Rachel lui rend une visite une semaine environ après son installation. Il est odieux avec elle et elle repart fâchée.

Une rencontre inattendue

Il rencontre Tom, son neveu, dans la librairie où celui-ci travaille. Alors qu’il était promis à un brillant avenir, il a pris du poids et son apparence suggère la défaite.

Adieu à la cour

Tom a renoncé à son doctorat et est revenu vivre à New York deux ans et demi plus tôt.

Purgatoire

Dans un premier temps, il a été chauffeur de taxi, ce qu’il a vécu comme une pénitence. Il se met alors à fréquenter la librairie d’Harry Brightman qui voit en lui un assistant idéal et l’embauche.

Un mur tombe

Tom découvre le passé d’Harry. Celui-ci est un ancien escroc.

Révélations troublantes

Dans sa jeunesse, Harry tient une galerie d’art et vend des imitations réalisées par Gordon Dryer. Ils finissent tous les deux en prison.

Où il est question de voyous

Nathan explique à Tom qu’il éprouve une fascination pour les voyous. C’est pourquoi il souhaite mieux connaître Harry.

En chair et en os

Nathan rencontre Harry à l’étage de la librairie, où il découvre une collection de livres rares d’une grande valeur.

Surprise à la banque du sperme

Le lendemain midi, Tom raconte à Nathan que lorsqu’il était étudiant, il s’était inscrit comme donneur de sperme. Il avait alors reconnu sa sœur dans une revue qu’on lui avait confiée à la clinique. Aurora avait déjà une petite carrière dans le porno, après quoi elle devint chanteuse dans un groupe de blues et partit en Californie. Quand Tom s’installa à New York, elle était venue le voir pour lui annoncer qu’elle allait se marier avec un chrétien fanatique, et depuis ce jour, Tom n’a plus de nouvelles. Cela fait trois ans maintenant.

La reine de Brooklyn

Tom confie à Nathan qu’il est amoureux d’une femme inaccessible, Nancy. Nathan demande à la voir et décide de l’aborder. Il découvre qu’elle fabrique des bijoux.

De la stupidité des hommes

Nathan achète à Nancy un collier pour Rachel.

Une soirée de bombance

Au restaurant, Tom, Nathan et Harry évoquent l’idée de créer une communauté à la campagne où ils trouveraient le bonheur. Harry leur annonce qu’il va peut-être toucher bientôt une grosse somme d’argent, et qu’alors cela serait possible.

Pause cigarette

Nathan interroge Harry sur cette fameuse affaire qui pourrait lui rapporter beaucoup. Les deux hommes conviennent d’un autre dîner pour en parler en détail.

De la stupidité des hommes (2)

Nathan envoie le collier pour Rachel. Étonné de ne pas avoir de nouvelles d’elle, il téléphone à son ex-femme pour savoir ce qu’il en est. Il apprend que Rachel est en Angleterre pour un mois.

Une sacrée combine

Harry explique que Gordon Dryer est revenu dans sa vie et qu’il monte un projet d’escroquerie au faux manuscrit. Le projet a déjà un acheteur, mais Nathan est sceptique : il pense qu’il s’agit d’un traquenard.

On frappe à la porte

Lucy, la fille d’Aurora, débarque chez Tom. Elle semble muette, et il ne parvient pas à savoir ce qu’elle fait là. Il est donc décidé qu’elle ira chez la demi-sœur de Tom, dans le Vermont.

En route vers le Nord

Tom, Nathan et Lucy prennent la voiture pour faire le voyage.

Un Coca, ma chérie ?

Alors qu’ils s’arrêtent à midi pour déjeuner dans un restoroute, Lucy trafique la voiture en mettant du Coca dans le réservoir. La voiture ne démarre plus : ils sont contraints de s’installer dans une auberge jusqu’à la fin des réparations.

Jours de rêve à l’hôtel Existence

Tom et Nathan se plaisent tellement à l’auberge qu’ils envisagent de la racheter pour en faire leur refuge. Tom tombe même amoureux de la fille du propriétaire. Ils changent leurs plans : Lucy vivra chez Nathan. Mais quand la voiture est enfin réparée et qu’ils s’apprêtent à reprendre la route de New York, ils apprennent le décès d’Harry.

Perfidie

L’escroquerie montée par Gordon Dryer n’était finalement qu’un piège voué à le dépouiller de tous ses biens. Harry en est si atterré qu’il meurt d’une crise cardiaque.

Contre-attaque

Nathan découvre le testament d’Harry et le numéro de Gordon, qu’il menace de faire conduire en prison s’il ne cesse sur-le-champ son entreprise visant à récupérer la librairie.

Adieu

Harry est incinéré est Tom disperse ses cendres dans Prospect Park lors d’une émouvante cérémonie.

Rebondissements

Rachel revient d’Angleterre et pardonne à son père. Honey Chowder, la femme avec qui Tom a eu une liaison à l’auberge, arrive à New York et s’installe chez lui.

Hawthorn Street ou Hawthorne Street ?

Tom et Honey se marient, tandis que le mariage de Nancy, l’ancien béguin de Tom, périclite. Aurora laisse un message énigmatique sur le répondeur de Tom, suggérant qu’elle a de gros ennuis. Nathan se met donc en tête de la retrouver.

La Joyeuse

Nathan parvient chez Aurora, l’emmène et ils repartent tous les deux pour New York.

Dans l’avion de New York

Dans l’avion du retour, Aurora raconte sa descente aux enfers à Nathan, et celui-ci découvre que le silence obstiné de Lucy au sujet de la situation de sa mère n’est le fruit que d’un malentendu.

Une vie nouvelle

Aurora et Lucy s’installent dans une chambre de la maison de Nancy tandis que Nathan vit une liaison avec la mère de celle-ci. Nancy et Aurora se découvrent amoureuses l’une de l’autre.

« Juste comme Tony »

La mère de Nancy découvre la relation lesbienne de sa fille et a bien du mal à se remettre. Elle se console dans les bras de Nathan quand celui-ci fait une crise cardiaque.

Inspiration

La crise s’avère être en réalité une inflammation de l’œsophage et Nathan survit.

Marqué d’une croix

Nathan sort de l’hôpital le 11 septembre 2001. Dans deux heures New York sera plongée dans la terreur, mais pour l’instant la matinée est radieuse et Nathan est heureux.

ALBERT CAMUS, LES JUSTES : RESUME ACTE PAR ACTE


ALBERT CAMUS, LES JUSTES : RESUME ACTE PAR ACTE

Acte I

Moscou.
Un appartement.
Annenkov, le chef des rebelles, et Dora accueillent peu à peu leurs partisans : Voinov, Stephan et Kaliayev, l'amant de Dora.
La tension des terroristes est palpable. Les rebelles préparent l'attentat du lendemain contre le Grand-duc Serge. Kaliayev lancera la première bombe, Voinov la seconde.
L'action terroriste étant imminente chacun s'interroge sur la place et la personnalité du révolutionnaire et sur la nécessité d'une action terroriste.
Acte II

Le lendemain.
Annenkov et Dora attendent, dans l'appartement, des nouvelles de leurs compatriotes. Ils n'entendent rien : aucune déflagration, pourtant la bombe aurait du exploser…
Soudain Voinov surgit éperdu, puis Kaliayev effondré : l'attentat a échoué. Deux enfants, le neveu et la nièce, étaient présents dans la calèche du Grand-duc Serge. Kaliayev n'a pas eu le courage de sacrifier ces deux innocents.
Stephan fulmine. Une querelle éclate : Stephan accuse Kaliayev de lâcheté tandis que les autres camarades lui offre leur soutien. Dora ne saurait douter de la sincérité de son amant.
Mais il est temps de se réconcilier car une nouvelle action terroriste doit être organisée.
Acte III

Voinov ne semble plus trouver le courage nécessaire pour mener à terme l'action révolutionnaire. Il quitte le groupe sans toutefois renoncer à la rébellion. Il choisit d'entrer au Comité de Propagande du Parti.
Le groupe, en dépit d'un certain désenchantement, accomplit son dessein : une explosion retentit, l'attentat est un succès.
Stephan exulte. Dora culpabilise.
Acte IV

La prison.
Kaliayev a été arrêté. Son acte le condamne à la peine capitale : la pendaison.
Skouratov, le chef de la police, l'invite à dénoncer ses camarades. S'il refuse de coopérer, Skouratov fera croire aux rebelles que le prisonnier les a trahis. Kaliayev ne cède pas.
La Grande Duchesse l'invite à la repentance, en vain.
Kaliayev prend conscience du dévoiement de l'action terroriste : personne ne semble comprendre les véritables fondements de l'action terroriste qui sont la Justice et l'Humanisme. Pour les autres, les rebelles ne sont pas des héros mais bien des monstres.
Acte V

Un appartement.
Les révolutionnaires sont à nouveau réunis. Voinov a rejoint ses camarades. Tous attendent des nouvelles du prisonnier Kaliayev. Quelques uns doutent de la sincérité et des idéaux du condamnés. Mais le récit de l'exécution de Kaliayev dément toutes les rumeurs.
L'action révolutionnaire peut continuer : Dora, bien décidée à rejoindre son amant, sera celle qui lancera la prochaine bombe.

RENE BARJAVEL : LA NUIT DES TEMPS : RESUME ET ANALYSE


RENE BARJAVEL : LA NUIT DES TEMPS : RESUME ET ANALYSE


Généralités

La nuit des temps à été publié en 1968. A l’origine, ce roman avait été écrit à la demande du metteur en scène André Cayatte. En effet celui-ci avait fourni le sujet à Barjavel en lui demandant de le mettre en forme pour en faire une adaptation cinématographique. Mais le budget prévu s’avérant trop important, le film ne fut jamais tourné.

Présentation succincte

Perdus dans d’immenses et hostiles étendues polaires, les membres d'une expédition scientifique française font des relevés topographiques sous-glaciaires. La glace atteint une épaisseur de plus de 1000 mètres. Ses couches les plus profondes remontent à environ 900 000 ans. Un jour un phénomène totalement inattendu s’y produit : les sondes enregistrent un signal provenant du sous-sol ! Sans aucun doute possible il y a un émetteur sous la glace ! La nouvelle fait l’effet d’une bombe : que vont découvrir les spécialistes venus du monde entier qui creusent la glace à la recherche du mystère ? On met à jour une sphère contenant deux êtres humains congelés au zéro absolu mais encore en vie, enfouis là depuis «  La nuit des temps »… Qui est ce couple de jeunes gens ? La jeune femme est d’une beauté remarquable et fascine particulièrement le Docteur Simon qui en tombe éperdument amoureux avant même que soit décidé une tentative de réanimation. Le jeune homme pour sa part est grièvement brûlé.

La femme s’appelle Eléa et l’homme Païkan. Grâce à une « Traductrice » dans laquelle le langage des jeunes gens et de leurs semblables a été encodé et des moyens de communications propres à leur civilisation, le docteur Simon explorera leur monde et leur vie…

Une civilisation puisée dans un passé de plusieurs centaines de milliers d’années mais qui surpasse la nôtre au regard du respect de la nature et d’une grande maîtrise technologique qui la mettra pourtant en péril.

Traversant le drame universel comme une flèche de feu, le destin d'Eléa et Païkan les conduit droit vers le mythe légendaire des amants bienheureux et maudits, à l’instar de Roméo et Juliette, Tristan et Yseult et de tous ceux que même la mort ne séparera jamais.

La nuit des temps est tout à la fois une épopée, un reportage et un chant d'amour passionné. Le passé et le présent s'y mêlent, confrontent les craintes et les espoirs et y jouent le sort du monde.

Résumé

En plein Antarctique, une mission scientifique française capte un signal inattendu qui provient des profondeurs glacées. Il s’agit d’un émetteur placé là 900 000 ans auparavant. Plusieurs nations qui fraternisent dans l'adversité des rudes conditions polaires entreprennent alors des fouilles passionnées. Une sphère est mise au jour dans laquelle deux individus reposent en hibernation : un homme et une femme, tous deux masqués. La femme, réanimée en premier, se nomme Eléa. Elle est d’une beauté exceptionnelle. Un ingénieux système - « la Traductrice » - lui permet d’expliquer la guerre totale qui a conduit un savant de son époque, Coban, à l'enfermer avec lui dans cet abri. Mais la jeune femme explique qu’elle aurait préféré mourir aux côtés de celui qu'elle aime d'un amour sans nom : Païkan. En apprenant qu'elle a dormi 900 000 ans, elle fait une dépression. Toutefois la présence et l'attention d'un médecin de l'équipe de réanimation, le Docteur Simon, la rassure. Elle accepte d’aider les chercheurs à réanimer Coban qui est toujours masqué. Celui-ci est détenteur de connaissances dont les applications sans limites intéressent les scientifiques mais excitent les convoitises des dirigeants de grandes puissances sans scrupules. La réanimation de Coban s’avère plus compliquée que celle d’Eléa. Sollicitée, celle-ci accepte de donner son sang dans le dessein secret de tuer Coban en s'empoisonnant elle-même. L'opération est supervisée par le docteur Simon. Celui-ci, à l'aide d’équipements sophistiqués de l’époque d’Eléa, observe les rêves de Coban pendant qu'il revient à la vie. C'est ainsi qu'il comprend - à mesure qu’aparaissent en rêve les derniers instants de la vie de Coban - qu'il s'agit en fait de Païkan ! En effet, alors qu'Eléa était déjà en hibernation dans l'abri, Païkan s'est querellé avec Coban et y a pris sa place au tout dernier moment. Alors qu'il enlève le masque de Païkan pour en avertir Eléa, il s'aperçoit que celle-ci agonise, tuant ainsi par son sang empoisonné celui de qui elle fut séparée et que le destin avait gardé constamment à ses côtés sans qu’elle le sache. Simon ne dit mot pour éviter d’asséner la triste vérité à la femme condamnée, meurtrière involontaire de son grand amour. A l’extérieur, un scientifique, traduisant la langue de cette civilisation passée pour essayer de conserver ces découvertes à des fins personnelles, détruit les documents. Il échouera à en retrouver des copies. Il ne reste des deux amants venus de La nuit des temps et qui l'ont traversée côte à côte, nous apportant de fabuleuses nouvelles technologies, que l'horreur qui hante le docteur Simon. Mais aussi et surtout l’amer regret de la race humaine qui n'a rien pu appris ni retenu depuis la civilisation d'Eléa et Païkan alors qu’elle en descend sans l'avoir su à la suite d’une guerre nucléaire.

Commentaire - Analyse

L'idée d’un continent disparu est un concept très ancien. Il suffit de penser aux mythes de l'Atlantide, de l'Eldorado ou de Mû ou encore aux études géographiques très officielles relatives à la dérive des continents. La science-fiction ne pouvait négliger une telle source d'inspiration. Le thème de La nuit des temps prend ses sources dans ce fond mythique et littéraire inépuisable

Ici, sur fond de conditions de vie polaire extrêmes point un rayon de vie autour de laquelle des hommes d’origines différentes vont se rassembler à la recherche de leur avenir. Unis, ils s’acharneront à décrypter le mystère qui, du lointain des temps, les ramène à leurs origines. Le temps est à la coopération. A la lutte commune contre l'adversité. Au progrès humain. Les nations délaissent leurs vieilles rivalités. Elles se regroupent pour comprendre et maîtriser l'inconnu. Chacune propose ses meilleures ressources, humaines et technologiques. Les difficultés sont l’occasion pour chacun d’employer son ingéniosité dans l'intérêt commun et non pour détruire l'autre. Un monde nouveau se profile...

Dans ce concert harmonieux des nations et cette marche unie des hommes se profile clairement la reconquête du paradis perdu. Les métaphores à ce sujet sont multiples :

- Le nom de la base - E.P.I. - évoque la renaissance. Le blé est bien dans la Bible le symbole de l'abondance vers laquelle toutes nations régénérées semblent vouloir accéder.
- L'universalité retrouvée du langage par l’intermédiaire de la Traductrice est la fin du châtiment de Babel, deux fois nommée dans le roman.

MAIS..., comme pour marteler le côté inéluctable de la déchéance de l’homme de son propre fait, l'humanité comprend alors que son élan est fortement compromis par sa faute en même temps qu'elle constate que celui des temps anciens le fut pour la même raison ! En effet, après la réussite de la réanimation d’Eléa, les tentatives d'appropriation des découvertes ne tardent pas. Ainsi les scientifiques d'E.P.I. n’auront-ils pas le plaisir d’annoncer le monde de paix et de prospérité que la science venait pourtant tout juste de rendre possible.

A suite de la perte de la Traductrice, les réanimateurs se retrouvent tout à coup comme étrangers les uns aux autres. Chacun vocifère dans une cacophonie inintelligible et l’on retrouve la retranscription fidèle du désarroi des premiers châtiés du langage. C’est la nouvelle chute de Babel.

Hoover et Léonova, totalement impuissants dans les glaciales bourrasques de neige, sont la proie des éléments et doivent s'en remettre à la chance. Celle-ci se manifestera comme une grâce divine et leur révélera une issue : la porte vers la vie. Dans l’urgence, il faudra également évacuer la station polaire qui se consume sous les feux de l'atome. Comme jadis il fallut fuir Rome détruite par les flammes et la décadence, ou encore Sodome et Gomorrhe anéanties par le feu du ciel. L'homme qui s’était pourtant équipé des protections les plus sûres se voit à nouveau totalement démuni à cause de sa vanité et de son orgueil.

L’idée selon laquelle le savoir qui se prévaut de la sagesse est incertain et dangereux n’est pas propre à La nuit des temps . En tout état de cause elle est parfaitement illustrée par la transformation en statue de glace d’un individu pénétrant dans la sphère plongée dans le zéro absolu. A l’instar de la femme de Loth qui fut changée en statue de sel après s'être retournée pour voir le châtiment de Sodome.

De plus, Barjavel a écrit là son plus beau roman d’amour. Il y développe les thèmes qui lui sont chers. Exprimer son amour avec toute la chaleur de son cœur, sans rien demander en retour, pour le seul bénéfice de l'élu(e) qui choisit ou pas de l'accepter. Lorsque l’effort est total et vrai, et motivé par aucune arrière-pensée, il peut faire accomplirdes miracles.

A leur époque, Eléa est à Païkan. Elle ne vit que par lui. Elle n'existe que par lui. Elle partage avec lui un amour sans nom, indicible, inconnu. Faisant à nouveau appel à la technologie, Simon parvient à matérialiser la confiance et la vérité immaculées qui unissent les couples qui s'aiment et qui n'ont aucun secret l'un pour l'autre. Chacun vit la vie de l'autre, vit pour l'autre. Le couple est in-dis-so-cia-ble.

Barjavel a su donner à l'amour unique entre deux êtres la plus grande extension acceptable avant de tomber dans le fantaisiste. Il est parvenu à le faire rayonner d'une flamme universelle, celle-là même dont l'intensité a immortalisé les destins tragiques et les sentiments passionnés des héros mythiques : Roméo et Juliette, Tristan et Yseult, Quasimodo et Esméralda. Sans vouloir aller jusqu’à comparer Barjavel aux auteurs de ces chefs-d’oeuvre, il est indéniable que sur la nature, la puissance, la grandeur, la noblesse et la complexité de l'amour de ses héros, Barjavel a réussi à les rejoindre. Son couple tricéphale - Eléa-Païkan-Simon - figure désormais dans la littérature contemporaine en bonne place pour leur succéder et renouveler le genre.

Dans ce contexte la destinée des individus et celle de l'humanité avancent conjointement et séparément.

Ce schéma est tout à fait classique chez Barjavel. On le retrouve très tôt, par exemple dans Le Voyageur imprudent, mais également dans les derniers romans comme la Tempête.

A cette évolution parallèle des individus et des peuples, Barjavel ajoute une complexité des relations entre les personnages qui confère à La nuit des temps une véritable dimension psychologique.

Bien que solidement ancré à des allégories spirituelles, Barjavel a systématiquement recours à la technologie pour les matérialiser. Comme qu'il le fera dans Une Rose au Paradis où il poussera les analogies aux extrêmes.

Au plan des descriptions techniques qui jalonnent ce roman, il est bon de savoir que Barjavel suivait de près l'actualité scientifique et technique. En particulier dans le cadre de son activité journalistique. Et, s'il n'était pas une autorité scientifique reconnue auprès du grand public - comme le fut Albert Ducrocq en radio - sa présence à Cap Kennedy lors du lancement d'Apollo XI et sur le plateau des Dossiers de l'Écran en compagnie de ce même Albert Ducrocq pour y accueillir Armstrong, Aldrin et Collins de retour de la Lune, montre bien son rôle, son apport et son intérêt pour l'actualité technique de son époque. Ses commentaires apportaient là une touche de poésie et de réflexion appréciable.

Certains éléments, objets ou concepts du monde de Gondawa et décrits par Eléa se retrouvent dans notre environnement technique d'aujourd'hui. Dans certains cas d’ailleurs leurs inventeurs ne renient pas la paternité des idées de Barjavel !

Deux exemples retiennent particulièrement l’attention :

- La clé de Gondawa est précisément le concept qui ne peut manquer d'évoquer la carte à puce.

Mise au point et brevetée dans les années 1970 avec le succès que l'on sait, elle fait vivre aujourd'hui une industrie considérable et constitue le passage obligé de nombreux systèmes de sécurité. La société Bull a d'ailleurs rendu hommage à Barjavel par la plume de son directeur technique dans un ouvrage qui cite en totalité le passage de La nuit des temps dans lequel est décrit le fonctionnement de la clé comme système de paiement. René Barjavel fut même destinataire à titre personnel de l’un des premiers exemplaires de cartes ! Dans ce roman, l'utilisation de la clé ne se limite pas au paiement, elle sert aussi plus largement à s'identifier vis-à-vis de la collectivité. À cet égard, il est bon de se souvenir que l'idée de carte à puce universelle est un produit technologique maintenant parfaitement défini, mais dont la mise en place s'oppose encore à des considérations d'ordre plutôt psychologiques, éthiques et de stratégie commerciale.

- Interconnexion d'ordinateurs en réseau pour la résolution d'un problème de traduction ou de décryptage.

Les premiers mots prononcés par Eléa - après la découverte de la Sphère - et la compréhension de la langue de Gondawa se résoudront par la mise en commun mondiale des systèmes informatiques interconnectés pendant le temps de cette recherche. Chaque système analysera une part des configurations linguistiques possibles, jusqu'à ce que la phrase prononcée par Eléa devienne compréhensible. Il en sera ainsi pour tout les autres textes découverts dans l'Abri.

Au plan de la forme, La nuit des temps écrit pour le cinéma est riche en rebondissements. Les scènes d'action y sont parmi les plus prenantes et les plus angoissantes qu'ait écrites Barjavel. L’auteur ne s'encombre pas des conventions littéraires. C’est un roman très « parlant », qui regorge de dialogues et d'interjections ou de scènes sonores très descriptives. Les dialogues sont nombreux, sans sacrifier au texte, et l'un déborde parfois sur l'autre sans les transitions classiques. Barjavel dose aventure et suspens avec narrations épiques et épopée fantastique tout en jonglant avec des dialogues vivants et réalistes et des textes d'une teneur poétique propre au grand romancier.

MAUPASSANT, BOULE DE SUIF : RESUME

MAUPASSANT, BOULE DE SUIF : RESUME

1870. Rouen. La France est occupée par l'armée Prussienne. Une dizaine de personnes, avec l'accord du Général en chef prussien, sont autorisées à quitter la ville pour rejoindre la ville du Havre.
Un matin, à l'aube, une diligence quitte la ville avec à son bord trois couples - Les loiseau, les Carre-Lamadon et les De Breville - deux religieuses, un jeune démocrate, Cornudet et une prostituée, Boule de Suif.
Le voyage s'annonce difficile. Embarrassé, chacun tente d'ignorer la présence de la jeune prostituée. La neige ralentit la diligence, retardant leur arrivée à Tôtes, leur prochaine étape. Les passagers, qui n'ont pu se restaurer, sont affamés. Seule Boule de Suif a eu l'heureuse intuition de ramener un panier de provisions qu'elle partage volontiers. Les passagers se détendent peu à peu.
Le soir, ils sont accueillis à l'Hôtel du Commerce de Tôtes où demeure un officier prussien.
Pendant le souper, L'officier prussien demande à voir Boule de suif. Après l'entretien, la jeune femme, dissimilant avec peine sa colère, rejoint sa place.
Pendant la nuit, M. Loiseau surprend une conversation entre Cornudet et Boule de Suif qui semble l'éconduire.

Le lendemain : alors que chacun s'apprête à partir, on annonce que la diligence ne partira pas. Le prussien s'y oppose formellement. Le soir, devant l'insistance de l'officier, Boule de Suif excédée dévoile les intentions du prussien : il lui demande ses faveurs, mais par dignité et patriotisme, elle refuse. Tous s'indignent de l'outrage qui est fait à la jeune femme.
Cependant, le troisième jour, les voyageurs pressés de partir s'entendent pour convaincre Boule de Suif de céder aux avances de l'officier. Chacun y va de son conseil, de son argument.
Le quatrième jour, Boule de Suif est contrainte d'abandonner ses résistances, à la grande joie de ses compagnons de voyage. Elle se sacrifie.
Le lendemain, la diligence attelée, est enfin prête à quitter la ville. Tous les voyageurs affichent un certain mépris pour la malheureuse Boule de Suif. Ils refusent de partager avec elle le moindre repas, et l'ignorent quand, blessée par tant d'ingratitude, elle pleure.


MOLIERE, L'ECOLE DES FEMMES : RESUME ACTE PAR ACTE

MOLIERE, L'ECOLE DES FEMMES : RESUME ACTE PAR ACTE

Acte I

Arnolphe, dont la plus grande crainte est d'être trompé, informe son ami Chrysalde de son prochain mariage. C'est avec Agnès, une pupille qu'il tient recluse dans un couvent afin qu'elle demeure ignorante, qu'il souhaite celer ses voeux.
Après un voyage de 10 jours, Arnolphe qui se fait également appeler M. de la Souche, rencontre le fils de son ami Oronte. Arnolphe incite le jeune homme à faire fortune par l'adultère. Horace qui ignore sa double identité lui confie qu'il a réussi à séduire une jeune fille nommé Agnès, pupille d'un certain M. de la Souche.
Acte II

Arnolphe, contrarié, blâme ses domestiques qui n'ont manifestement pas su préserver Agnès de la visite d'un rival.
Heureusement l'honneur de la jeune fille est sauf. Arnolphe annonce à Agnès sa volonté de hâter le mariage. Celle-ci se méprend : elle pense que son tuteur va lui permettre d'épouser Horace. Arnolphe s'empresse de corriger son erreur : elle sera son épouse.
Acte III

Arnolphe prépare son union. Il inculte à Agnès les devoirs qu'une jeune épouse doit accomplir et respecter, s'attardant sur les méfaits de l'infidélité. La jeune fille semble résignée.
Toutefois, alors qu'un jour il rencontre à nouveau Horace, Arnolphe apprend que le jeune homme qui n'a pu voir sa conquête, a reçu une lettre d'amour d'elle. Arnolphe dissimule avec peine sa surprise et son mécontentement.
Jaloux, Arnolphe découvre qu'il nourrit des sentiments amoureux pour sa captive et qu'il souhaite être aimé d'elle en retour.
Acte IV

Faute de ne pouvoir séduire la jeune Agnès, Arnolphe ordonne à ses valets d'éloigner Horace de sa demeure quoi qu'il en coute.
Lorsqu'ils se revoient, le jeune homme livre son récit à Arnolphe : Horace, qui avait réussi à s'introduire dans la chambre de sa bien aimée, fut contraint de se cacher dans une armoire pour échapper à l'arrivée impromptue d'un M. de la Souche furieux.
Les jeunes amants se sont donnés rendez-vous pour le soir même.
Arnolphe bien décidé à faire échouer l'entrevue ordonne à ses valets de surveiller la maison et de couvrir de coups de bâton le jeune intrigant.
Acte V

Le jeune homme semble avoir succombé sous les coups des domestiques zélés. Arnoplphe qui s'approche pour constater le décès est soudain surpris : Horace parait devant lui, vivant. En effet le jeune homme, tombé de l'échelle, a feint la mort pour ne pas être davantage battu. Il lui confie qu'Agnès a formulé le souhait de ne plus être à la merci de son tuteur. Le naïf Horace demande à Arnolphe d'accepter Agnès comme protégée. Après avoir accepté, Arnolphe dévoile la supercherie à la jeune fille. La déclaration d'amour, les blâmes qu'il lui adresse et la menace de l'envoyer au couvent indiffèrent Agnès, au grand désespoir du tuteur.
C'est alors qu'Oronte, le père d'Horace, entre en scène. Il souhaite marier son fils avec la fille du seigneur Enrique. Horace éperdu implore l'aide d'Arnolphe qu'il croit son allié. Ce dernier choisit de dévoiler son identité : il est M. de la Souche.
Un dernier coup de théâtre tombe comme un couperet sur le personnage : Arnolphe découvre qu'Agnès n'est autre que la fille du Seigneur Enrique. Les jeunes amants trouvent leurs amours bien récompensés.

ROUSSEAU, LES CONFESSIONS

ROUSSEAU, LES CONFESSIONS : RESUME LIVRE PAR LIVRE

Incipit

Jean-Jacques Rousseau présente un projet selon lui inédit : la rédaction de ses mémoires, des confessions où il livre la vérité sur sa vie, où il dit sans détour ce qu'il est.
Livre I

Les Confessions respectent un ordre chronologique. C'est tout naturellement que Jean-Jacques Rousseau commence son récit en évoquant son enfance : sa naissance à Genève en 1712 dans un foyer modeste. Son père était horloger et sa mère est morte en couche.
A 6 ans, il développe sa sensibilité par la lecture.
Il se décrit comme un enfant aimé. Malheureusement en 1722 son père est contraint de quitter Genève et de placer son fils chez le Pasteur Lambercier dans le village de Bossey.
C'est à cette époque et dans ce lieu qui fait figure de paradis, que Rousseau découvre ses premiers sentiments érotiques : un jour, alors que Melle Lambercier, la soeur du prêtre, lui administre une fessée, il ressent une volupté jusqu'alors inconnue.
C'est à cette époque qu'il est victime d'une injustice marquant la fin de son innocence (il est accusé d'avoir cassé un peigne).
En 1724, il retourne à Genève où il est logé chez son oncle. On cherche à le placer. D'abord chez un juriste pour apprendre le métier de procureur, mais il est renvoyé. Ensuite chez un graveur, homme brutal où il n'apprend rien que la paresse et le vol.
A 16 ans, Rousseau, épris de liberté, décide de quitter la ville et d'errer sur les routes.
Livre II

Ses vagabondages le mènent dans de nombreuses villes :
En 1728, il entre dans le Royaume catholique de Sardaigne où il est accueilli par le curé M. de Pontverre. Ce dernier le convertit au catholicisme. Sur les conseils du Curé, Rousseau se rend à Annecy au gîte de Mme de Warens dont il tombe amoureux.
Cependant on l'envoie dans un hospice pour les néophytes à Turin. Le souvenir de la cérémonie de conversion reste pour lui une grande humiliation.
Livre III

Pendant plusieurs jours, Rousseau est désoeuvré. Frustré, il se livre à l'exhibitionnisme.
A cette époque, il se lie d'amitié avec l'abbé Gaime qui reprend son éducation mise à mal par le vagabondage. Il entre comme laquais chez le comte de Gouvon et tombe amoureux de sa belle fille, Melle Breil. Une fois de plus c'est un échec. Il quitte son bienfaiteur et reprend la route vers Annecy où il souhaite revoir Mme de Warens. Très vite il devient l'amant de celle qu'il appelle « maman ».
Elle souhaite qu'il devienne musicien. Rousseau entre donc en pension chez le maîitre de musique de la Cathédrale. Toutefois son maitre le convainc de quitter la ville. Une fois à Lyon, Jean-Jacques rebrousse chemin.
Livre IV

A la demeure de Mme de Warens, il ne trouve personne. Sur le chemin de la Suisse, il s'arrête à Lausanne puis à Neufchâtel où il embrasse pour un an la carrière de professeur de musique. Après de nombreux voyages et de nombreuses rencontres, il retrouve sa bien aimée Warens à Chambéry.
Livre V

Auprès de Mme de Warens, Rousseau se consacre à la musique et à l'amour.
Livre VI

En 1739, des problèmes de santé obligent Jean-Jacques Rousseau à se rendre en convalescence à Montpellier. Pendant son absence qui dure cinq mois, Mme de Warens devient la maitresse d'un autre. Abattu par cette découverte, il part pour Paris.
Livre VII

A paris il se consacre difficilement à la musique. Il rencontre Thérèse Levasseur, une lingère, avec qui il s'installe. De cette union nait cinq enfants, tous abandonnés dès la naissance.
Il rencontre Diderot.
Livre VIII

1749. Dans le journal parait un concours. « Le progrès des Sciences et des Arts a contribué à corrompre ou à épurer les moeurs ? », voici la question proposée par l'Académie de Dijon et pour laquelle Rousseau rédige son Discours sur les Sciences et les Arts, lui assurant la victoire.
De retour à Genève, il compose son second ouvrage : le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes. Il composera également un Opéra Le Devin du Village représenté devant le Roi.
Sa protectrice, Mme D'Epinay, une amie des Encyclopédistes, lui aménage au coeur de la forêt de Montmorency une maison nommé « L'Ermitage ». Il s'y installe dès 1756.
Livre IX

C'est à « L'Ermitage » qu'il travaille à ses oeuvres : Le Contrat social, L'Emile et La Nouvelle Héloïse.
Il s'attire de nombreuses inimitiés, se querelle avec ses proches et ses amis.
Livre X

Il quitte « L'Ermitage » s'attirant le ressentiment de Mme D'Epinay. IL est accueilli par le Maréchal de Luxembourg, dans le Château de Montmorency.
Livre XI

1761. La publication de La Nouvelle Héloïse est un triomphe. Toutefois, Rousseau compte de plus en plus d'ennemis dans le milieu littéraire.
Quant à la publication de L'Emile, un an plus tard, le scandale est tel, qu'il est contraint de fuir en Suisse. Un mandat d'arrestation est lancé contre lui.
Livre XII

Recherché par les autorités françaises, jugé indésirable par les autorités suisses, rejeté de tous, Il erre de villes en villes. C'est en Angleterre qu'il trouve protection.

CHARLES PERRAULT : CONTES : LE CHAT BOTTE (COMMENTAIRE COMPOSE)

CHARLES PERRAULT : CONTES : LE CHAT BOTTE (COMMENTAIRE COMPOSE)
Introduction :
Perrault est un auteur du XVIIème, le grand siècle. C'est un conteur, ami de La Fontaine qui qui appartient à l'école littéraire du baroque. Le texte que nous allons étudier s'intitulé "Le Chat botté" et est extrait du recueil "Contes". Il s'agit d'un apologue. dans cette histoire, le personnage du chat botté parvient par son intelligence à la noblesse et à la richesse.
Texte étudié :
Un meunier ne laissa pour tous biens, à trois enfants qu'il avait, que son moulin, son âne et son chat. Les partages furent bientôt faits : ni le notaire, ni le procureur n'y furent point appelés. Ils auraient eu bientôt mangé tout le pauvre patrimoine. L'aîné eut le moulin, le second eut l'âne, et le plus jeune n'eut que le chat. Ce dernier ne pouvait se consoler d'avoir un si pauvre lot :

« Mes frères, disait-il, pourront gagner leur vie honnêtement en se mettant ensemble ; pour moi, lorsque j'aurai mangé mon chat, et que je me serai fait un manchon de sa peau, il faudra que je meure de faim. »

Le Chat, qui entendait ce discours, mais qui n'en fit pas semblant, lui dit d'un air posé et sérieux :

« Ne vous affligez point, mon maître, vous n'avez qu'à me donner un sac et me faire faire une paire de bottes pour aller dans les broussailles, et vous verrez que vous n'êtes pas si mal partagé que vous croyez. »

Quoique le maître du Chat ne fît pas grand fond là-dessus, il lui avait vu faire tant de tours de souplesse pour prendre des rats et des souris, comme quand il se pendait par les pieds, ou qu'il se cachait dans la farine pour faire le mort, qu'il ne désespéra pas d'en être secouru dans la misère.

Lorsque le Chat eut ce qu'il avait demandé, il se botta bravement, et, mettant son sac à son cou, il en prit les cordons avec ses deux pattes de devant, et s'en alla dans une garenne où il y avait grand nombre de lapins. Il mit du son et des laiterons dans son sac, et s'étendant comme s'il eût été mort, attendit que quelque jeune lapin, peu instruit encore des ruses de ce monde, vînt se fourrer dans son sac pour manger ce qu'il y avait mis. À peine fut-il couché, qu'il eut contentement : un jeune étourdi de lapin entra dans son sac, et le maître Chat, tirant aussitôt les cordons, le prit et le tua sans miséricorde.

Tout glorieux de sa proie, il s'en alla chez le roi et demanda à lui parler. On le fit monter à l'appartement de Sa Majesté, où étant entré, il fit une grande révérence au roi, et lui dit :

« Voilà, sire, un lapin de garenne que monsieur le marquis de Carabas (c'était le nom qu'il lui prit en gré de donner à son maître) m'a chargé de vous présenter de sa part.

— Dis à ton maître, répondit le roi, que je le remercie et qu'il me fait plaisir. »

Une autre fois, il alla se cacher dans un blé, tenant toujours son sac ouvert, et lorsque deux perdrix y furent entrées, il tira les cordons et les prit toutes deux. Il alla ensuite les présenter au roi, comme il avait fait du lapin de garenne. Le roi reçut encore avec plaisir les deux perdrix, et lui fit donner boire.

Le Chat continua ainsi, pendant deux ou trois mois, à porter de temps en temps au roi du gibier de la chasse de son maître. Un jour qu'il sut que le roi devait aller à la promenade, sur le bord de la rivière, avec sa fille, la plus belle princesse du monde, il dit à son maître :

« Si vous voulez suivre mon conseil, votre fortune est faite : vous n'avez qu'à vous baigner dans la rivière, à l'endroit que je vous montrerai, et ensuite me laisser faire. »

Le marquis de Carabas fit ce que son chat lui conseillait, sans savoir à quoi cela serait bon. Dans le temps qu'il se baignait, le roi vint à passer, et le Chat se mit à crier de toute ses forces :

« Au secours ! au secours ! voilà monsieur le marquis de Carabas qui se noie ! »

À ce cri, le roi mit la tête à la portière, et, reconnaissant le Chat qui lui avait apporté tant de fois du gibier, il ordonna à ses gardes qu'on allât vite au secours de monsieur le marquis de Carabas.

Pendant qu'on retirait le pauvre marquis de la rivière, le Chat s'approcha du carrosse et dit au roi, que dans le temps que son maître se baignait, il était venu des voleurs qui avaient emporté ses habits, quoiqu'il eût crié au voleur ! de toute ses forces ; le drôle les avait cachés sous une grosse pierre.

Le roi ordonna aussitôt aux officiers de sa garde-robe d'aller quérir un de ses plus beaux habits pour monsieur le marquis de Carabas. Le roi lui fit mille caresses, et comme les beaux habits qu'on venait de lui donner relevaient sa bonne mine (car il était beau et bien fait de sa personne), la fille du roi le trouva fort à son gré, et le marquis de Carabas ne lui eut pas jeté deux ou trois regards, fort respectueux et un peu tendres, qu'elle en devint amoureuse à la folie.

Le roi voulut qu'il montât dans son carrosse et qu'il fût de la promenade. Le Chat, ravi de voir que son dessein commençait à réussir, prit les devants, et ayant rencontré des paysans qui fauchaient un pré, il leur dit :

« Bonnes gens qui fauchez, si vous ne dites au roi que le pré que vous fauchez appartient à monsieur le marquis de Carabas, vous serez tous hachés menu comme chair à pâté. »

Le roi ne manqua pas à demander aux faucheurs à qui était ce pré qu'il fauchaient :

« C'est à monsieur le marquis de Carabas », dirent-ils tous ensemble, car la menace du chat leur avait fait peur.

« Vous avez là un bel héritage, dit le roi au marquis de Carabas.

— Vous voyez, sire, répondit le marquis ; c'est un pré qui ne manque point de rapporter abondamment toutes les années. »

Le maître Chat, qui allait toujours devant, rencontra des moissonneurs et leur dit :

« Bonnes gens qui moissonnez, si vous ne dites que tous ces blés appartiennent à monsieur le marquis de Carabas, vous serez tous hachés menu comme chair à pâté. »

Le roi, qui passa un moment après, voulut savoir à qui appartenaient tous les blés qu'il voyait.

« C'est à monsieur le marquis de Carabas », répondirent les moissonneurs ; et le roi s'en réjouit encore avec le marquis. Le Chat, qui allait devant le carrosse, disait toujours la même chose à tous ceux qu'il rencontrait, et le roi était étonné des grands biens de monsieur le marquis de Carabas.

Le maître Chat arriva enfin dans un beau château, dont le maître était un ogre, le plus riche qu'on ait jamais vu ; car toutes les terres par où le roi avait passé étaient de la dépendance de ce château.

Le Chat, qui eut soin de s'informer qui était cet ogre et ce qu'il savait faire, demanda à lui parler, disant qu'il n'avait pas voulu passer si près de son château sans avoir l'honneur de lui faire la révérence. L'ogre le reçut aussi civilement que le peut un ogre et le fit reposer.

« On m'a assuré, dit le Chat, que vous aviez le don de vous changer en toutes sortes d'animaux ; que vous pouviez, par exemple, vous transformer en lion, en éléphant.

— Cela est vrai, répondit l'ogre brusquement, et, pour vous le montrer, vous m'allez voir devenir lion. »

Le Chat fut si effrayé de voir un lion devant lui, qu'il gagna aussitôt les gouttières, non sans peine et sans péril, à cause de ses bottes, qui ne valaient rien pour marcher sur les tuiles.

Quelque temps après, le Chat, ayant vu que l'ogre avait quitté sa première forme, descendit et avoua qu'il avait eu bien peur.

« On m'a assuré encore, dit le Chat, mais je ne saurais le croire, que vous aviez aussi le pouvoir de prendre la forme des plus petits animaux, par exemple de vous changer en un rat, en une souris ; je vous avoue que je tiens cela tout à fait impossible.

— Impossible ! reprit l'ogre ; vous allez voir. »

Et en même temps il se changea en une souris, qui se mit à courir sur le plancher. Le Chat ne l'eut pas plus tôt aperçue, qu'il se jeta dessus et la mangea.

Cependant le roi, qui vit en passant le beau château de l'ogre, voulut entrer dedans.

Le Chat, qui entendit le bruit du carrosse, qui passait sur le pont-levis, courut au-devant et dit au roi :

« Votre Majesté soit la bienvenue dans ce château de monsieur le marquis de Carabas !

— Comment, monsieur le marquis, s'écria le roi, ce château est encore à vous ! il ne se peut rien de plus beau que cette cour et que tous ces bâtiments qui l'environnent ; voyons les dedans, s'il vous plait. »

Le marquis donna la main à la jeune princesse, et suivant le roi, qui montait le premier, ils entrèrent dans une grande salle, où ils trouvèrent une magnifique collation que l'ogre avait fait préparer pour ses amis, qui le devaient venir voir ce même jour-là, mais qui n'avaient pas osé entrer, sachant que le roi y était.

Le roi, charmé des bonnes qualités de monsieur le marquis de Carabas, de même que sa fille, qui en était folle, et voyant les grands biens qu'il possédait, lui dit, après avoir bu cinq ou six coups :

« Il ne tiendra qu'à vous, monsieur le marquis, que vous ne soyez mon gendre. »

Le marquis, faisant de grandes révérences, accepta l'honneur que lui faisait le roi, et, dès le même jour, il épousa la princesse. Le Chat devint le grand seigneur, et ne courut plus après les souris que pour se divertir.

MORALITÉ

Quelque grand que soit l'avantage
De jouir d'un riche héritage
Venant à nous de père en fils,
Aux jeunes gens, pour l'ordinaire,
L'industrie et le savoir-faire
Valent mieux que des biens acquis.

AUTRE MORALITÉ

Si le fils d'un meunier, avec tant de vitesse,
Gagne le cœur d'une princesse,
Et s'en fait regarder avec des yeux mourants ;
C'est que l'habit, la mine et la jeunesse,
Pour inspirer de la tendresse,
N'en sont pas des moyens toujours indifférents.

Charles Perrault, Contes, Le Chat botté
Analyse :
I) L'apologue
J'observe
 
J'analyse
- Le personnage principal est un chat (titre), il est personnifié (majuscule au mot chat), il a des caractères humains, il parle : "le chat dit d'un air posé et sérieux".   => Il ne s'agit pas ici de comportements habituels de la part d'un animal, l'auteur fait appel à son imagination, il s'agit donc d'un conte.
- Présence d'un ogre qui a des pouvoirs : "il se transforme".   => Il s'agit également d'un personnage imaginaire, et donc d'un conte.
- Transformation d'un pauvre meunier en gendre du roi "marquis".   => Toujours dans l'explication du conte.
- La princesse tombe amoureuse immédiatement : "elle en devint amoureuse à la folie".   => Côté merveilleux du conte.
- "le chat devint grand seigneur et ne courut plus après les Souris que pour se divertir".   => Morale implicite : c'est une critique de la noblesse, les seigneurs ne pensent qu'à se divertir et pas au peuple.
- "l'industrie et le savoir-faire valent mieux que des biens acquis".   => 1ère morale explicite : le travail vaut mieux que l'argent perçu dans effort.
- "si le fils d'un meunier, avec tant de vitesse, gagne le coeur d'une princesse, et s'en fait regarder avec des yeux mourants, c'est que l'habit, la mine et la jeunesse, pour inspirer la tendresse, n'en sont pas des moyens toujours indifférents".   => 2ème morale explicite : les gens se fient à l'apparence, la princesse ne le remarque que pour son titre et ses vêtements.
II) Les animaux, le Chat
J'observe
 
J'analyse
- "Le Chat botté" : dans le titre et dans tout le texte le mot "chat" est écrit avec une majuscule, et l'animal parle.   => Il est personnifié, il devient le personnage principal, le héros.
- "dit d'un air posé et sérieux" + "tout glorieux" + "mon conseil" + "le chat, ravi de voir que son dessein".   => Pas de description physique, mais une description morale. Le chat a des comportements humains.
- Depuis "le Chat, ravi de voir que son dessein commençait à réussir..."   => Le chat ment aux gens, il est fourbe et manipulateur.
- "Le Chat fut si effrayé".   => Il est peureux.
- Le Chat devint grand seigneur, et ne courut plus après les souris que pour se divertir".   => Il est épicurien.
III) Le récit, la place du narrateur
J'observe
 
J'analyse
- L'auteur connaît le passé et l'avenir de la situation des personnages. Il connaît les sentiments de la princesse, l'état d'esprit du chat.   => L'auteur a un point de vue omniscient.
- Présent de la 3ème personne du singulier.   => Il est externe à l'histoire, il raconte juste quelque chose, il n'intervient pas.
- Verbes au passé simple et verbes d'actions.   => Il exprime une action brève et non répétitive, c'est un récit vivant.
- Imparfait.   => Il y a aussi des actions longues.
SCHEMA NARRATIF    
- La mort du meunier et la répartition de l'héritage.   => Situation initiale.
- La pauvreté du fils.   => Élément perturbateur.
- La quête et les mensonges du chat.   => Péripéties.
- Le fils du meunier devient marquis.   => Résolution.
- Il se marie avec la princesse + morales.   => Situation finale.
- Morales :une implicite et deux explicites.   => L'auteur veut faire réfléchir le lecteur, c'est un apologue.
- Présent.   => Dialogue.
IV) Les humains

LE MEUNIER

J'observe
 
J'analyse
- Gradation dépréciative dans le partage de son héritage.   => C'est un homme injuste.
- "ne laissa pour tout bien que".   => C'est un homme pauvre.

LE FILS DU MEUNIER

J'observe
 
J'analyse
- "si pauvre lot".   => L'auteur s'intéresse au plus faible, au plus démuni.
- "il ne désespéra pas d'en être secouru dans sa misère".   => Il met son destin entre les pattes du chat, il lui fait confiance.
- "regard amoureux et un peu tendre".   => Il tombe amoureux de la princesse.
- "et dès le même jours épousa la princesse".   => Il l'aime tellement qu'il l'épouse.
- Il passe de la pauvreté à la richesse.   => Il est chanceux.

LE ROI

J'observe
 
J'analyse
- "il fit une grande révérence" + les gardes etc.   => Il est puissant et respecté.
- Il croit à tout ce que le chat lui dit.   => Il est naïf.
- Il veut un bon mari.   => Il agit toujours par intérêt.
- Il offre des habits au fils du meunier.   => Il est généreux.

LA PRINCESSE

J'observe
 
J'analyse
- "en devint amoureuse à la folie".   => Elle est fleur bleue.
- Son père, le roi, ne veut pas la donner en mariage à n'importe qui.   => C'est un bien précieux et difficile à acquérir : c'est la quête.
Le peuple : les paysans croient tout ce que le chat raconte et ils font tout ce qu'il leur demande de faire : ils sont crédules et naïfs car ils n'ont pas reçu d'instruction.
Conclusion :
Dans cet apologue, l'auteur joint l'instruction du lecteur à l'art du récit pour atteindre son but qui est d'inculquer des savoirs aux gens, par le biais d'images concrètes : les morales.

Le commentaire composé

Le commentaire composé


Le commentaire composé porte sur un texte littéraire. Il peut également être proposé au candidat de comparer deux textes. En série générale, le candidat compose un devoir qui présente de manière organisée ce qu'il a retenu de sa lecture et justifie son interprétation et ses jugements personnels.

Le travail préliminaire est identique à celui de la lecture analytique, mais le commentaire ne doit pas être organisé linéairement, mais structuré autour de centres d'intérêt, selon des idées directrices.


1. Comprendre le sujet

  • Si le sujet est précis, il est nécessaire de bien en analyser les termes pour comprendre ce qui est exactement demandé.
  • Rattachez si possible le sujet à l'objet d'étude.

2. Etudier le texte

A. Observer le hors-texte et le paratexte.

La date, le nom de l'auteur, le titre, le résumé éventuel situant l'extrait. Demandez vous ce que vous savez de l'auteur, de ses oeuvres, le mouvement culturel ou littéraire dominant, l'oeuvre d'où est extrait le texte, ou encore le contexte historique ou social.

B. Analyser le texte.

  • Examen du système énonciatif : Etude des pronoms, des marques temporelles, du lexique évaluatif. Cela permet une première approche du type, du genre, de la tonalité, des visions du texte.
  • Etablir une sorte de "carte d'identité" du texte, en le replaçant :
    • dans une forme de discours (narratif, descriptif, argumentatif, explicatif).
    • dans un genre (roman, théâtre, poésie, essais).
    • dans un registre (lyrique, tragique, polémique, pathétique, comique, fantastique, réaliste, épique).
    • dans un mouvement culturel ou littéraire, un courant esthétique (humanisme, classicisme, romantisme, surréalisme, nouveau-roman).
    • dans des contextes : historique, géographique, social, culturel.
Chaque caractéristique induit des questions spécifiques. Analyser un texte est répondre à ces questions. Voici un tableau pour vous guider.

Caractéristiques du texte

Questions à se poser, éléments à observer

Système énonciatif

Locuteur, destinataire, personnes, temps verbaux, indications de temps et de lieu, marques de subjectivité.

Formes du discours

(Types de textes)
Narration
Actions, personnages, résultat, ordre, rythme, narrateur, point de vue.
Description
Thème, insertion, ordre, point de vue, visée, champs lexicaux.
Paroles
Discours direct, indirect, indirect libre, thème, longueur, niveau de la langue.
Argumentation
Thèse, types d'arguments, exemples, ordre, visée, articulations logiques.

Genres

Roman
Psychologique, visée.
Théâtre
Didascalies, tours de parole, longueur des répliques.
Poésie
Mètres, strophes, rimes, sonorités, rythme.

Registres

Comique
De mot, de situation, de caractère, de procédés.
Tragique
Lexique de la mort, de la fatalité - Niveau de langue - Syntaxe.
Pathétique
Situation, point de vue, registre de langue, vocabulaire de la douleur, de la mort, figures de style.
Lyrique
Enonciation ("je"), vocabulaire des sentiments, thèmes (amour, souvenir, fuite du temps), syntaxe.
Fantastique
Enonciation, champs lexicaux (peur, nuit, folie), ruptures de syntaxe, ponctuation, thèmes, images.
Réaliste
Effets de réel, point de vue, vocabulaire
Epique
Réseau lexical du combat, amplification, symboles, héros.
Polémique
Termes dépréciatifs, ironie, sarcasme, indignation, exagération.

Contextes

Biographique
Evénements personnels évoqués ? visée ?
Historique
Dates, événements collectifs évoqués ? visée ?
Culturel
Idéologie et courants esthétiques dominants ? originalité ?

Vous devez être sensibles et attentifs à :
  • La syntaxe : longueur des phrases, modalités, construction, rythme.
  • Au lexique : niveau de langue, champs lexicaux, connotations.
  • A l'énonciation : (voir plus haut).
  • Au point de vue : indices de la focalisation adoptée ? Les effets produits.
  • Aux figures de style.
  • Aux marques du genre :
    • poème : versification.
    • théâtre : didascalies, tour de paroles, types de répliques.
    • argumentation : articulations lyriques.
Le but est d'aboutir à une interprétation du texte. C'est à dire en approfondir le sens, en dégager les centres d'intérêt.

3. Définir les axes d'étude (ou centres d'intérêt)

  • Les axes d'étude sont parfois suggérés par le libellé du sujet.
  • Un axe d'étude est à construire en regroupant des éléments stylistiques concourant à un même effet. Par exemple, une métaphore, la structure grammaticales d'une phrase, un phénomène rythmique, un champ lexical peuvent concourir à l'expression de la nostalgie.
  • Le commentaire doit s'organiser autour de 2 ou 3 centres d'intérêt.
  • Pensez que certaines directions d'étude se révèlent pertinentes pour de nombreux textes :
    • La tonalité dominante (lyrique, épique, tragique ...).
    • Le traitement original d'un thème connu.
    • La transformation ou la transfiguration du réel ou du quotidien.
    • Le caractère symbolique d'un élément essentiel.
    • La fonction du texte (fonction expressive, poétique).
  • Plus spécifiquement, s'il s'agit d'un récit :
    • Le rythme et la progression du récit.
    • Le mode de présentation des faits.
    • Le rôle de la focalisation.
  • Pour une description ou un portrait :
    • Le mode de caractérisation des personnages.
    • Les contrastes.
    • Le caractère élogieux ou dépreciatif.
    • La fonction de la description ou du portrait.

4. Elaborer le plan

  • Chaque partie est consacrée à une idée directrice.
  • L'ordre de présentation des différentes parties du développement est un élément essentiel de la qualité du commentaire. La stratégie démonstrative impose que l'on termine par le plus important, le plus riche. Présentez donc les axes de lectures selon un ordre de complexité croissante (du plus apparent au plus implicite, de l'analyse des termes à leur interprétation symbolique).
  • Le plan compte deux ou trois grandes parties comportant chacune deux ou trois paragraphes :
    • L'idée directrice de chaque partie doit mettre en valeur un élément caractéristique du texte.
    • Chaque paragraphe est une explication justifiant un aspect de la ligne directrice. Les explications sont fondées sur une analyse précise du texte, elles s'appuient sur des citations.

5. Rédiger l'introduction

L'introduction comporte trois étapes.
  • On peut commencer par une phrase "d'accroche" ou "d'ouverture" qui intègre le texte dans un ensemble plus vaste en rapport avec le texte (genre, courant littéraire, l'auteur dans son époque). Attention, ne commencez jamais par "ce texte", il faut en effet d'abord le présenter.
  • Présentez ensuite le texte : Nom de l'auteur, titre de l'oeuvre, date, thème du passage, sa teneur (De quoi parle t-il ?), son genre, sa tonalité. Si le libellé du sujet donne une ligne directrice, formulez le problème posé par le sujet.
  • Annoncez enfin le plan, le plus élégamment possible (Annoncez les différents aspects qui seront traités dans le développement).

6. Rédiger la conclusion

La conclusion comporte deux étapes.
  • La récapitulation : elle rassemble les principales "découvertes" faites dans le développement. Elle répond le cas échéant à la question posée. C'est une partie du bilan. Elle porte un jugement personnel sur le texte ou son intérêt littéraire. Attention, n'introduisez pas de nouveaux centres d'intérêt qui auraient pu être oubliés dans le développement.
  • L'élargissement : La conclusion élargit la perspective : Interrogez vous par exemple sur l'intérêt du texte par rapport à l'oeuvre dont il a été tiré, à la personnalité de l'auteur, au contexte historique, à son genre. Confrontez le texte avec d'autres textes qui traitent du même thème ou ont les mêmes objectifs, ou encore ceux du même mouvement littéraire.

7. La rédaction du commentaire

A. Présenter le commentaire.

  • Le commentaire doit être entièrement rédigé. Pas d'abréviation, de style télégraphique, de numérotation, de titres.
  • La disposition du commentaire doit faire apparaître avec évidence l'introduction, les grandes parties du développement, la conclusion, grâce à la mise en page :
    • Passez une ou deux lignes entre l'introduction et le développement, entre le développement et la conclusion.
    • Distinguez par un alinéa les différents problèmes traités dans chaque partie et chaque paragraphe.

B. Rédiger le commentaire.

La rédaction du commentaire exige les qualités de logique d'une démonstration.
  • L'idée directrice de chaque partie doit être clairement exprimée. On commence par justifier clairement ce que l'on propose de faire dans chaque partie (phrase d'introduction partielle).
  • Chaque paragraphe développe un argument qui justifie l'idée directrice de la partie en se fondant sur une analysé détaillée du texte. Le paragraphe commence par la formulation de l'explication ; il continue par l'analyse des citations du texte qui illustrent l'argument ; et se termine par une conclusion partielle.
  • Rédigez avec soin les transitions qui permettent d'avancer dans la démonstration en passant d'une partie du développement à une autre. La transition a une double fonction : récapituler ce qui précède et annoncer ce que l'on va étudier dans la partie suivante, en indiquant le lien entre les deux (logique ou analogique).
    • Soignez les liens logiques qui assurent la progression du raisonnement ("tout d'abord", "ainsi", "pourtant", "donc", "à cela s'ajoute", "on constate également"...).
    • Intégrez les citations. Elles doivent être grammaticales mais insérées dans la rédaction du commentaire. Elles doivent être signalées par des guillemets et peuvent être introduites par "comme", ou par deux points (:), ou encore mises en apposition. Les citations doivent bien sûr être commentées.
    • Evitez la paraphrase et la répétition.