vendredi 19 avril 2019

CANDIDE – Résumé chapitre par chapitre

 

CANDIDE – Résumé chapitre par chapitre

Chapitre 1. Le château du baron de thunder-ten-tronckh en Allemagne. Candide, un jeune homme dont la naissance est suspecte, sans richesse, est l’élève du philosophe Pangloss, optimiste qui croit en la perfection du monde. Candide tombe amoureux de Cunégonde, la fille du baron, ce qui provoque son éviction du Château.
Chapitre 2. Candide est forcé de rejoindre l’armée bulgare. Il tente de s’échapper et est fouetté pour désertion.
Chapitre 3. Guerre entre les Bulgares et les Arabes. Candide se cache pendant la bataille, puis s’enfuit. Sans ressources et affamé, il est contraint de quémander sa nourriture. Jacques, en bon anabaptiste, le nourrit, lui donne un logement et un emploi.
Chapitre 4. Candide rencontre Pangloss, lequel est atteint de la syphilis et raconte que Cunégonde Candide a été violée. Jacques paye pour guérir Pangloss. Jacques, Candide et Pangloss partent pour Lisbonne.
Chapitre 5. Jacques tombe à la mer pendant le voyage. Pangloss retient Candide de porter secours à Jacques, arguant que c’est la volonté de Dieu qu’il se noie ainsi. Ils arrivent au Portugal juste après le grand séisme.
Chapitre 6. Pangloss et Candide sont arrêtés par l’Inquisition. Pangloss est pendu et Candide est fouetté lors d’un autodafé qui est censée prévenir les futurs séismes.
Chapitre 7. Une vieille femme aide Candide à retrouver Cunégonde, qui a survécue à son viol.
Chapitre 8. Cunégonde raconte à Candide sa terrible histoire et la manière dont elle appartient à un Juif, Don Issachar et le Grand Inquisiteur.
Chapitre 9. Candide tue Don Issachar et le Grand Inquisiteur pour venger Cunégonde, puis fuit le Portugal.
Chapitre 10. Candide, Cunégonde et la Vieille s’enfuient vers l’Amérique du Sud.
Chapitres 11-12. La vieille femme raconte son histoire à Candide et à Cunégonde.
Chapitre 13. Le gouverneur de Buenos Aires demande Cunégonde en mariage et ordonne l’arrestation de Candide.
Chapitre 14-15. Candide et Cacambo, son serviteur, fuient vers le Paraguay.
Chapitre 16. Candide et Cacambo rencontrent les jeunes filles autochtones et de leurs amants singe.
Chapitre 17. Candide et Cacambo arrivent à l’Eldorado.
Chapitre 18. Un vieil homme présente Eldorado à Candide, monde merveilleux, mais Candide veut retrouver Cunégonde.
Chapitre 19. Ils arrivent au Surinam Candide rencontre un nègre mutilé. Candide pleure et renonce à son optimisme. Candide envoie Cacambo à la recherche de Cunégonde. Martin remporte la palme de la misère.
Chapitre 20. Candide et Martin partent pour la France. Martin est un pessimiste total – il pense que Dieu a abandonné le monde au mal absolu.
Chapitre 21. Candide et Martin discutent de la corruption morale des Français.
Chapitre 22. En France, Candide est courtisé pour ses richesses (ramenées de l’Eldorado).
Chapitre 23. Candide et Martin passent par l’Angleterre, et assiste à l’exécution d’un  militaire, accusé de ne pas tuer suffisamment d’ennemis.
Chapitre 24-25. À Venise, Candide rencontre Paquette (la maîtresse de Pangloss au château du baron, responsable de la siphylis contractée par Pangloss) et Giroflée, son amant, un moine.
Chapitre 26. Cacambo réapparaît – il est un esclave maintenant. Cacambo raconte à Candide que Cunégonde est à Constantinople.
Chapitre 27. Candide libère Cacambo et part avec lui à Constantinople.
Chapitre 28. Pangloss raconte son histoire, malheureuse, mais son optimisme résiste.
Chapitre 29. Candide retrouve Cunégonde, désormais laide. Il libère Cunégonde et la vieille femme. Mais le baron refuse toujours de donner la main de Cunégonde à Candide.
Chapitre 30. Candide se débarrasse du baron puis il épouse Cunégonde. Puis il rencontre un Turc qui le convainc de l’inutilité de la philosophie.

 

 

 

Chapitre I : La Vesphalie, le paradis

Tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes pour le jeune Candide, docile et ingénu. Le baron de Thunder-ten-tronckh, l’« un des plus puissants seigneurs de la Vestphalie », et probablement son oncle, l’a accueilli dans un château protégé et clos, qui fait rempart à toute violence extérieure. Candide est secrètement amoureux de Cunégonde, la fille du baron et de la baronne. La félicité est absolue, jusqu’au drame : Candide et Cunégonde sont surpris par le baron dans leurs ébats, Candide est chassé du paradis, et l’aventure commence. Candide n’aura de cesse de retrouver Cunégonde, objet d’une quête qui le révélera peu à peu à lui-même.
À travers les yeux de Candide, le château protecteur renvoie à un âge d’or où l’abondance et l’équilibre apparents dispensent d’une réflexion plus aboutie que la philosophie de Pangloss, précepteur de la maison. Ce paradis se révèle cependant artificiel : l’exclusion du héros ouvre la boîte de Pandore, et l’idéologie qui animait cet univers ne résiste pas longtemps aux tempêtes.
Voltaire inscrit d’emblée le conte dans une référence commune qu’il va s’appliquer à déconstruire à travers un voyage où le héros se trouve successivement confronté à tous les malheurs du monde, puis aux turpitudes de l’âme humaine.

Chapitre II 

Seul et désemparé, Candide rencontre dans la ville voisine de Valdberghoff-trarbk-dikdorff, à la porte d’un cabaret, deux recruteurs de l’armée du roi des Bulgares qui l’enrôlent aussitôt, au seul motif que Candide mesure « cinq pieds cinq pouces de haut ». Après des débuts difficiles, Candide, peu au fait des usages militaires, déserte avant d’être rattrapé et conduit au cachot. Un choix lui est offert : « être fustigé trente-six fois par tout le régiment, ou recevoir à la fois douze balles de plomb dans la cervelle ». Candide choisit le fouet, puis les balles, avant d’être sauvé par le roi des Bulgares, sensible à ce jeune métaphysicien « fort ignorant des choses de ce monde ».

Chapitre III : En Hollande, la guerre

Candide, séduit dans un premier temps par le spectacle de la bataille, se met à trembler devant ce qui, à ses yeux, devient vite une « boucherie héroïque » qui conduit le héros à se cacher avant de s’enfuir en enjambant les cadavres. Il arrive en Hollande, tente de mendier pour manger, et rencontre, après quelques échanges malheureux sur la religion, l’anabaptiste Jacques qui le nourrit et lui propose un travail dans une manufacture d’étoffes. Il va croiser « un gueux tout couvert de pustules »…
C’est avec une ironie grinçante que Voltaire propose une représentation de la guerre qui dénonce la brutalité et l’inconséquence militaires, tout autant que le désastre d’un système de pensée en total décalage avec le monde qu'il tente d'expliquer. Le sujet est d’actualité, alors même que la guerre de Sept Ans (1756-1763) fait rage en Europe et dans les colonies d’Amérique du Nord : les dommages humains considérables conduiront à une réorganisation des forces en présence.

Chapitre IV 

Le « gueux tout couvert de pustules » se révèle être Pangloss, à bout de forces, malade de la vérole et dans l’incapacité de se soigner. Il informe Candide de la destruction du château après son départ, de la mort du baron, de la baronne, de leur fils, et, surtout, de Cunégonde. Le paradis n’est plus. Candide s’interroge : « Ah ! Meilleur des mondes, où êtes-vous ? », tout en restant fidèle aux certitudes de Pangloss qui s’évertue à justifier jusqu’à la vérole qui le tue. Jacques, le bon anabaptiste, parvient à guérir Pangloss et le prend avec Candide à son service.
Ils embarquent ensemble pour Lisbonne et affrontent une terrible tempête à l’approche du port. L’optimisme du philosophe est confronté à l’épreuve des faits. Les personnages s’obstinent cependant, ce n’est que le début du voyage…

Chapitre V : Lisbonne, au nom de Dieu

Les catastrophes s’enchaînent : la tempête anéantit le vaisseau et ses passagers ; l’anabaptiste Jacques périt d’avoir aidé un matelot qui le laisse se noyer. Seuls Pangloss et Candide survivent, pour être aussitôt exposés au tremblement de terre qui détruit Lisbonne et écrase ses trente mille habitants. « Quelle peut être la raison suffisante de ce phénomène ? » s’interroge Pangloss.
Voltaire met en scène le tremblement de terre de Lisbonne survenu le 1er novembre 1755 : l’événement bouleverse profondément les mentalités. Capitale d’un pays réputé pour sa foi catholique, Lisbonne ne semblait pas mériter ce châtiment. Pourquoi une pareille catastrophe le jour d’une fête catholique ? La philosophie du XVIIIe siècle ne s'explique pas une telle manifestation de colère divine. L’Inquisition s’acharne, en vain, à chercher des coupables.

Chapitre VI

Afin d’empêcher les tremblements de terre, des hommes sont brûlés pour des raisons absurdes ; Pangloss et Candide sont proches de subir un sort identique : Pangloss est pendu, et Candide, fouetté. Cette cérémonie n’empêche en rien un nouveau séisme, le soir même. Une parodie de raisonnement tente d’enchaîner les liens de cause à effet. Mais Candide s’interroge : dans un grand désarroi, il voit s’ébranler ses certitudes…

Chapitre VII : En mer, l’art du récit

Candide est sauvé par une vieille femme, personnage symbolique qui revient plusieurs fois au cours du voyage. Comme l’anabaptiste, la vieille lui permet de se soigner, de se nourrir et de s’habiller. Elle le conduit vers une jeune fille, que Candide dévoile : « Quel moment ! Quelle surprise ! Il croit voir mademoiselle Cunégonde, il la voyait en effet, c’était elle-même ». Coup de théâtre ! Ce ne sera pas le dernier puisqu’à la logique de causalité de Pangloss, la narration oppose la surprise et le retour de personnages qui semblaient, a priori, écartés du périple. Le désastre du château est raconté une seconde fois par Cunégonde ; récit enchâssé qui laisse entrevoir une autre histoire, parallèle à celle suivie par le lecteur depuis le chapitre II.
Le conte s’inscrit dans une tradition qui emprunte à la fois au roman d’apprentissage, au récit initiatique, sentimental, comique… Voltaire s’inspire de ces traditions, pour les détourner doublement : non seulement il les parodie mais il les récupère pour élaborer une pensée philosophique. L’auteur joue aussi en virtuose des procédés narratifs par le biais des ellipses, des récits enchâssés, des changements de perspective qui confèrent à la narration une densité de contenu et une liberté de ton.

Chapitre VIII

Cunégonde se lance dans un récit aux nombreuses péripéties : suite à l’attaque du château, elle tombe sous le joug d’un capitaine bulgare qui la revend à un trafiquant, Don Issachar. Celui-ci la partage depuis six mois avec le grand inquisiteur. Ces malheurs en série la conduisent à remettre en cause la philosophie de Pangloss.

Chapitre IX

Don Issachar n’apprécie guère la présence de Candide et la perspective d’un second rival : il le menace d’un poignard ; Candide brandit une épée et abat son adversaire. L’inquisiteur surgit ; Candide commence à raisonner, l’épée à la main et tue l’inquisiteur. Pour une nature si peu belliqueuse, c’est là un changement radical. Candide s’explique : « Ma belle demoiselle, […] quand on est amoureux, jaloux et fouetté par l’Inquisition, on ne se connaît plus ». La vieille les exhorte à l’action et ils s’éloignent sur des chevaux andalous avant l’arrivée de la Sainte-Hermandad, la police régionale. Ils gagnent alors la ville d’Avacena dans les montagnes de la Sierra Morena.

Chapitre X

Les dernières richesses de Cunégonde ont été volées ; le trio est dans l’embarras : « Quel parti prendre ? », s’interroge Candide. Ils vendent l’un des trois chevaux et arrivent à Cadix. Une flotte s’apprête à partir pour le Paraguay afin de combattre des révérends pères jésuites : Candide convainc le général de ses compétences militaires et devient capitaine d’un équipage. Cunégonde, la vieille, et deux valets embarquent, avec deux chevaux, pour le Nouveau Monde, avec l’espoir que celui-là sera meilleur. L’espace est clos ; le temps est alors au récit : la vieille raconte son histoire.

Chapitre XI : En mer, le malheur des femmes

Fille du pape Urbain X et de la princesse de Palestrine, la vieille déroule son histoire sur le mode superlatif : palais, robes, talents, grâces… tout surpasse en beauté l’univers de référence de Candide et Cunégonde, le château de Thunder-ten-tronckh. L’avenir s’annonçait radieux, porté par un mariage prévu avec le prince souverain de Massa Carrara. À cette perspective idyllique répond une chute brutale : le fiancé meurt, un corsaire attaque, et elle est capturée avec sa mère. L’arrivée au Maroc assombrit davantage encore le tableau : les combattants s’opposent et se disputent le butin, entraînant la mort de la princesse et de tous les prisonniers, à l’exception de la vieille, laissée pour morte.
Non seulement la fidélité aux prières ne prémunit pas contre les pires horreurs, mais le récit souligne encore l’injustice et le malheur que subissent les femmes. Asservies aux hommes, éloignées des fonctions sociales, volontiers tenues responsables des misères humaines, elles peinent à exister.
Quelques années avant la Révolution française, Voltaire s’interroge sur la place des femmes dans la société.

Chapitre XII

La vieille poursuit un récit qui propose une vision extrêmement sombre de la nature humaine. Elle survit à la peste et, vendue comme esclave, passe, au fil des transactions, de Tunis à Tripoli, d’Alexandrie à Smyrne, de Constantinople à Moscou. Elle y perd une fesse en pleine famine, sacrifiée pour satisfaire les soldats turcs. Devenue la servante de Don Issachar, elle rencontre alors Cunégonde.
Trahison, anthropophagie, suicide sont abordés dans ce périple vers le Nouveau Monde : autant de questions débattues au XVIIIsiècle. L’ironie de la narration favorise la construction d’une distance critique.

Chapitre XIII

L’histoire de la vieille fait école, et le vaisseau avance au fil du récit des voyageurs. Ils arrivent finalement à Buenos Aires, et y rencontrent le gouverneur qui s’empresse de demander Cunégonde en mariage. La vieille encourage cette dernière à accepter « d’épouser monsieur le gouverneur et de faire la fortune de monsieur le capitaine Candide ». Mais le passé les rattrape, et ils risquent la mort pour avoir tué le grand inquisiteur. Candide fuit, Cunégonde reste ; leur chemin se sépare pour la deuxième fois.

Chapitre XIV 

Candide est accompagné dans sa fuite par un valet nommé Cacambo. « Il avait été enfant de chœur, sacristain, matelot, moine, facteur, soldat, laquais » : voilà un compagnon de choix pour un Candide en pleine évolution. Homme d’action plein d’allant, il encourage son maître : « quand on n’a pas son compte dans un monde, on le trouve dans un autre ». Au Paraguay, chez les jésuites, Candide reconnaît dans le commandant le frère de Cunégonde, le fils du baron, miraculeusement rescapé du massacre du château.

Chapitre XV 

Le fils du baron raconte – C’est la troisième fois pour le lecteur – l’invasion du château par l’armée bulgare et comment, tenu pour mort, il fut sauvé par un jésuite. Les retrouvailles se déroulent sous les meilleurs auspices, le baron qualifiant Candide de « frère » et de « sauveur ». Les relations se dégradent cependant lorsque Candide fait part de son souhait d’épouser Cunégonde : fidèle aux valeurs familiales, le baron refuse catégoriquement, car Candide n’a pas les quartiers de noblesse requis. Candide tente d’argumenter et de défendre l’attachement de Cunégonde à son égard, mais, devant l’obstination du baron, il n’a d’autre choix que de le tuer. Habillés en jésuites, Candide et Cacambo parviennent à s’enfuir.

Chapitre XVI : Au Pays des Oreillons, Images de l’autre

Tout inquiète en terre inconnue, tout particulièrement  « l'autre », menaçant par son étrangeté, soupçonné de mœurs barbares. Candide abat deux singes à la poursuite de deux femmes nues… Il s'agit semble-t-il de leurs amants ! Candide et Cacambo sont ligotés pendant leur sommeil et vont être mangés par les habitants des lieux, les Oreillons, qui les prennent pour des Jésuites. L'agressivité contre les Jésuites qui les ont dépossédés de leur territoire tombera dès qu'il sera clair que Candide n'est pas jésuite : ils seront dès lors traités avec tous les égards.
Là où jusqu'alors les Européens voyaient des "sauvages", le siècle des Lumières veut voir des êtres humains, égaux en droit quelle que soit leur race. Aussi n'est-ce pas sans ironie que Voltaire décrit ici les mœurs les plus extrêmes fantasmées par les Européens, de l'anthropophagie à la zoophilie.

Chapitre XVII

L’Eldorado est découvert par Candide et Cacambo au hasard de ce périple en Amérique du Sud. Les expériences douloureuses du Nouveau Monde ont convaincu Cacambo de retourner en Europe, mais les deux protagonistes n’ont d’autres choix que de poursuivre leur route, et s’embarquent à l’aventure dans une petite barque en se recommandant à la Providence. Le canot finit par se fracasser contre des écueils qui ouvrent la porte de l’Eldorado : « C’est probablement le pays où tout va bien ; car il faut absolument qu’il y en ait un de cette espèce », espère Candide.

Chapitre XVIII : L'Eldorado, utopie et société idéale

Pas de cour de justice, de parlement, ni de prison dans ce pays, mais un palais des sciences, des libertés individuelles reconnues, avec interdiction, pour les habitants, de sortir de ce royaume. Candide et Cacambo décident pourtant d’en partir, parce que Cunégonde manque à l’un d’eux, et que la richesse leur ouvre des perspectives.. Une machine est spécialement construite pour les conduire de l’autre côté des montagnes, accompagnés de cent moutons chargés de vivres, de présents, d’or et de pierreries.
L’Eldorado tient une place essentielle dans le conte, puisqu’il en marque le milieu, à la fois point d’aboutissement d’un parcours et point de départ du voyage de retour : Candide découvre un autre modèle de gouvernement et de bonheur qui se substitue au château initial. Cependant, le lieu, aussi doré soit-il, ne comble pas toutes les attentes. Entre utopie et construction politique, il reste du chemin à parcourir pour créer son propre jardin : la société idéale est un sujet d’interrogation majeur du XVIIIe siècle.

Chapitre XIX : Le Surinam,  l’esclavage

Candide et Cacambo quittent l’Eldorado chargés d’or et de rêves. Mais ils perdent vite leurs richesses et doivent renoncer à s’acheter un royaume. Aux abords du Surinam, la rencontre avec un esclave noir dans un état pitoyable achève de leur enlever leurs illusions. On l’a amputé de la main droite et de la jambe gauche : « c’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe ».
Ce violent réquisitoire contre l’esclavage s’inscrit dans un vaste mouvement d’opinion qui dénonce cette pratique.  Il faudra, en France, attendre 1848 pour que l’esclavage soit définitivement aboli.

Chapitre XX : Buenos-Aires, Mal physique, mal moral

Candide a chargé Cacambo de passer à Buenos Aires pour racheter Cunégonde et la vieille, tandis qu'il se rend directement à Venise. Désespéré par le vol de ses dernières richesses, il décide d’emmener avec lui l’homme le plus malheureux de la province. Il choisit, parmi une foule de prétendants, le philosophe Martin. Tandis que le vaisseau vogue vers Bordeaux, les deux compagnons de voyage discutent quinze jours durant, du mal physique et du mal moral. Le combat naval qui s’achève par le naufrage du bateau pirate qui a volé tous les biens de Candide alimente leurs débats : s’il punit l’immoralité du capitaine, il engloutit dans le même temps des centaines d’innocents. Ironie du sort : seul un mouton en réchappe !
Le mal est partout : cruauté des hommes, injustice de la religion, désastre naturel, incohérence politique. La question du mal, en étroite relation avec la question de Dieu, alimente toute la réflexion philosophique du XVIIIsiècle.

Chapitre XXI

Aux abords des côtes françaises, Candide expose son projet : rejoindre Venise depuis Bordeaux. Nulle curiosité de sa part après un mois passé dans l’Eldorado, d’autant que les commentaires de Martin sur les Français sont sans appel. Candide veut atteindre l’Italie pour y attendre Cunégonde ; Martin accepte de le suivre pour son argent. La fin du voyage est l’occasion de questions de Candide à Martin sur la pérennité du mal et sur la possibilité du bien. Son raisonnement s’affine : il est question en dernier lieu du libre arbitre.

Chapitre XXII : Paris, jeux de société

Candide et Martin se rendent finalement à Paris. Voltaire met en scène une satire de la vie parisienne en évoquant successivement l’absence de reconnaissance sociale dont souffrent les actrices, la cruauté des critiques, les jeux d’argent et la perfidie des conversations mondaines : « d’abord du silence, ensuite un bruit de paroles qu’on ne distingue point, puis des plaisanteries dont la plupart sont insipides, de fausses nouvelles, de mauvais raisonnements, un peu de politique et beaucoup de médisance ». Tout au long du chapitre, Candide est trompé ; il part finalement pour Dieppe puis Portsmouth sans renoncer à rejoindre un jour Venise.
Le Paris présenté est futile et superficiel, mondain et trompeur. Le jeu y occupe une place de choix, en relation avec une société des Lumières où les jeux d’argent, licites ou illicites, ont envahi l’espace urbain et gagné toutes les couches de la société. Les formes en sont variées : cabarets et billards, académies tolérées et tripots clandestins, bureaux de loterie… Rien à voir avec le Paris populaire que mettra en scène la littérature du XIXsiècle.

Chapitre XXIII

Sur fond d’explication de la guerre qui oppose à grands frais les armées anglaise et française pour une terre canadienne fort éloignée, l’arrivée à Portsmouth coïncide avec l’exécution d’un amiral qui bouleverse Candide : l’homme périt de n’avoir pas provoqué assez de morts en affrontant l’ennemi. Candide refuse de descendre du navire et arrange au plus vite un départ pour Venise, toujours conduit par le désir de retrouver Cunégonde.

Chapitre XXIV 

Cacambo et Cunégonde ne sont pas au rendez-vous vénitien, et Candide sombre dans la mélancolie, prêt à succomber au pessimisme de Martin : « Que vous avez raison, mon cher Martin ! Tout n’est qu’illusion et calamité. » Les idées sombres ne résistent pas, cependant, à la vision plaisante d’un moine théatin, frère Giroflée, avec une fille à son bras. Celle-ci se révèle être Paquette, la servante du château de Thunder-ten-tronckh. Derrière l’image du couple amoureux, se cache la sordide histoire d’un moine défroqué et d’une misérable prostituée, ravagée par la maladie. Candide s’obstine toutefois à croire à l’amour et continue à attendre un improbable retour de Cunégonde.

 Chapitre XXV : Venise, masques et carnaval : l'inversion des valeurs

Le seigneur vénitien, Pococurante, « un homme qui n’a jamais eu de chagrin », retient l’attention de Candide et de Martin. Il passe en revue la peinture, la musique, l’opéra, la littérature, la poésie, les sciences, le théâtre, la philosophie, les jardins… L’homme est revenu de tout : l’opéra ? Des chansons ridicules ! Un concerto ? Du bruit qui fatigue tout le monde ! Homère ? Rien que des batailles ! Candide s’interroge : peut-il y avoir du plaisir à n’avoir pas de plaisir ?
Ville de carnaval, Venise est la ville de l’inversion des valeurs. Voltaire en fait un décor de choix pour un personnage blasé, un anti-Casanova dans une ville multiforme, singulière et inattendue.

Chapitre XXVI : Venise, pouvoir et rois déchus

Cacambo surgit brusquement au cours d’un dîner et révèle que Cunégonde se trouve à Constantinople : lui-même est esclave et exhorte Candide à se tenir prêt au départ. Ce rebondissement n’est pas la seule surprise d’un épisode mystérieux, au cœur du carnaval de Venise qui inverse les rôles entre maîtres et valets. Les six compagnons de Candide et de Martin lors de ce dîner se révèlent être des rois déchus qui narrent tour à tour leur parcours malheureux : le sultan Achmet III, Ivan, empereur de toutes les Russies, le roi d’Angleterre, Charles-Edouard, deux rois des Polaques et, enfin, Théodore, roi de Corse. Tous sont venus à Venise pour le Carnaval, et tous sont déchus de leur pouvoir.
Voltaire convoque ici des figures historiques qui incarnent la vanité et le caractère éphémère du pouvoir : l’épisode participe de la réflexion politique du philosophe sur la notion de gouvernement qui constitue l’un des fils conducteurs de Candide, bien sûr, mais aussi du Dictionnaire philosophique. Du système hiérarchique aristocratique qui règne au château dont Candide est exclu, à l’organisation communautaire du jardin dont le baron est chassé, c’est une réflexion sur la place de l’individu dans le système qui le gouverne et l’émergence de l’homme social qui se déploie.

Chapitre XXVII 

En route vers Constantinople, Cacambo décrit la situation de Cunégonde : esclave dans la maison d’un ancien souverain sur le rivage de la Propontide, « chez un prince qui a très peu d’écuelles », « elle est devenue horriblement laide ». Candide se soucie peu de cette évolution, mais s’interroge sur l’usage de la fortune, dilapidée selon un schéma désormais classique dans le conte : rachat de la personne humaine, piraterie, errance, esclavage. Cacambo est racheté par Candide, et le petit groupe retrouve au hasard de la traversée le frère de Cunégonde et Pangloss, devenus tous deux galériens. Les derniers diamants de l’Eldorado libèrent les deux malheureux, et tous repartent vers la Turquie pour délivrer Cunégonde.

Chapitre XXVIII

Le baron et Pangloss racontent leur histoire : l’un, réchappé du coup d’épée de Candide, devenu aumônier avant d’être condamné aux galères ; l’autre, pendu, disséqué, un temps laquais, avant d’être à son tour condamné aux galères. Devant ces injustices nées de l’intolérance et de la superstition, Candide, à présent capable de discernement, interroge Pangloss : « avez-vous toujours pensé que tout allait le mieux du monde ? ». Pangloss est formel : son jugement n’a pas évolué.

Chapitre XXIX

Narration des aventures, raisonnement sur les effets et les causes, interrogation sur le mal moral et sur le mal physique, sur la liberté et la nécessité, portent les protagonistes jusqu’à la maison du prince de Transylvanie, où ils retrouvent, enfin, Cunégonde et la vieille. Cacambo avait dit juste : Cunégonde est bien laide et Candide s’en émeut avec élégance. Le fils du baron n’a pas changé : il refuse toujours radicalement une possible union entre Cunégonde et Candide, malgré les larmes de sa sœur, et la colère de Candide devant tant d’absurdité et d’ingratitude. L’apparence de Cunégonde détourne désormais quiconque de tout désir d’union.

Chapitre XXX : En Orient, le jardin

Attaché à une domination aristocratique qui n’a plus cours, le baron s’avère incapable d’évoluer et s’exclut de la nouvelle communauté. Celle-ci, privée des richesses de l’Eldorado, doit trouver en elle-même les ressources pour développer, non sans mal, la modeste métairie dans laquelle elle s’est installée. Cacambo en a assez de cultiver les légumes ; le caractère de Cunégonde se dégrade ; Pangloss souffre de ne pouvoir briller. Seul, Martin, avec son fatalisme habituel, s’accommode de la situation. Tous philosophent cependant, alors que Paquette et le frère Giroflée les rejoignent. La devise d’un bon vieillard turc donne sens à ce jardin comme promesse de vie : « le travail éloigne de nous trois grands maux : l’ennui, le vice et le besoin. ». Candide la fait sienne et tous l’acceptent : « chacun se mit à exercer ses talents » et la petite société prend sens.
Ce jardin métaphorique constitue le point d’aboutissement d’un périple qui, à partir d’un lieu clos et hiérarchisé, a conduit à parcourir un monde extérieur, hanté par le mal et la violence, et un monde intérieur plus trouble encore, permettant à Candide de se révéler. L’Eldorado est déterminant puisqu’il propose l’espoir d’un autre système social, appuyé sur le consentement collectif. Le jardin, par la place laissée à chacun et la reconnaissance de son travail, ouvre l’espace d’une liberté et d’un bonheur, certes plus modestes mais assurément plus fiables.

Résumé - Le Bourgeois Gentilhomme

Résumé - Le Bourgeois Gentilhomme :

Le Bourgeois gentilhomme est une comédie-ballet en cinq actes en prose de Molière, représentée pour la première fois le 14 octobre 1670, devant la cour de Louis XIV, au château de Chambord par la troupe de Molière. La musique est de Jean-Baptiste Lully, les ballets de Pierre Beauchamp, les décors de Carlo Vigarani et les costumes turcs du chevalier d'Arvieux.

Cette pièce incarne le genre de la comédie-ballet à la perfection et reste même l'un des seuls chefs-d'œuvre du genre en regroupant les meilleurs comédiens et musiciens du temps. Elle répondait au goût de l'époque pour ce qui était nommé les turqueries, l'Empire ottoman étant alors un sujet de préoccupation universel dans les esprits, et que l'on cherchait à apprivoiser. L'origine de l'œuvre est liée au scandale provoqué par l'ambassadeur turc Suleyman Aga qui, lors de sa visite à la cour de Louis XIV en 1669, avait affirmé la supériorité de la cour ottomane sur celle du Roi-Soleil.

Les ajouts turcs ont disparu dans les représentations ultérieures. En 2004 toutefois, le musicien Vincent Dumestre, le metteur en scène Benjamin Lazar et la chorégraphe Cécile Roussat ont proposé une version intégrale de l'œuvre, en prononciation restituée, avec les ballets de Beauchamp et la musique composée par Lully.

À la création, Molière jouait le rôle de Monsieur Jourdain, habillé de couleurs vives, paré de dentelles d'argent et de plumes multicolores, face à Hubert, travesti dans celui de Madame Jourdain ; Mlle de Brie était Dorimène, Armande Béjart jouait Lucile, tandis que le musicien Lully était le muphti au cours de la cérémonie turque du quatrième acte.

L'histoire :

ACTE PREMIER

Scène première

Nous sommes en 1670 dans la maison de Monsieur Jourdain, un bourgeois de Paris. Afin de devenir un homme de qualité, Monsieur Jourdain a engagé un maître de musique, un maître à danser, un maître de philosophie et un maître d’armes qui sont chargés de lui enseigner leur savoir et d’en faire un homme instruit. Le maître de musique et le maître à danser se félicitent d’avoir Monsieur Jourdain comme élève car, malgré le fait qu’il ne sache rien, il paye bien. Le maître à danser apprécie les applaudissements autant que l’argent mais le maître de musique affirme que les louanges ne font pas vivre et, bien qu’il méprise Monsieur Jourdain, il l’apprécie pour son argent.

Scène II

Monsieur Jourdain entre en scène et demande à voir ce que les deux maîtres lui ont préparé. Le maître de musique présente un de ses élèves qui a composé un air pour la sérénade demandée par M. Jourdain. Celui-ci aurait préféré une œuvre du maître lui-même mais consent tout de même à écouter. Il trouve la chanson lugubre et chante lui-même une chanson légère. Les deux maîtres complimentent M. Jourdain et chacun lui assure que son art est indispensable à la bonne marche de l’État. En effet, sans la danse, un homme ne saurait rien faire et si tous les hommes apprenaient la musique, ce serait la paix universelle assurée, affirment-ils. Les musiciens sont appelés et exécutent un dialogue en musique pour M. Jourdain qui trouve cela bien troussé. Quatre danseurs s’amènent ensuite et exécutent la danse imaginée par le maître à danser de M. Jourdain.

ACTE II

Scène première

M. Jourdain trouve que les danseurs se trémoussent bien. Le maître de musique lui affirme que lorsque la musique et la danse seront mêlées, ce sera du plus bel effet. M. Jourdain a commandé ce ballet pour une personne de qualité qui doit venir dîner le soir même. Le maître à danser lui assure que tout sera prêt, le ballet sera beau et M. Jourdain sera content. M. Jourdain demande qu’on lui apprenne à faire la révérence pour une marquise qui s’appelle Dorimène. C’est la dame qui doit venir dîner. Soudain, un laquais annonce l’arrivée du maître d’armes.

Scène II

Le maître d’armes enseigne à M. Jourdain l’art du maniement de l’épée. Tout le secret des armes consiste à donner et à ne pas recevoir. M. Jourdain est content car il est sûr de tuer son homme et de pas être tué lui-même. Le maître d’armes affirme que son art l’emporte sur tous les autres, dont la musique et la danse. Une violente dispute éclate alors entre les trois maîtres et M. Jourdain essaie de les calmer.

Scène III

Le maître de philosophie fait son entrée. M. Jourdain lui demande de rétablir la paix. Le philosophe affirme que la raison doit être maîtresse de tous nos actes et la colère est une passion honteuse qui fait d’un homme une bête féroce. Un homme sage doit être au-dessus de toutes les injures et il doit y répondre avec la modération et la patience. Le maître de philosophie affirme ensuite que la philosophie domine tous les autres arts. La dispute reprend de plus belle entre les différents maîtres et le philosophe y prend une belle part. Les insultes pleuvent et M. Jourdain, découragé, les laisse se battre entre eux.

Scène IV

La dispute terminée, le maître de philosophie peut commencer sa leçon. Il demande à M. Jourdain ce qu’il désire apprendre. Celui-ci lui répond qu’il veut apprendre tout ce qu’il peut. Le maître lui offre de lui enseigner la logique mais M. Jourdain désire apprendre quelque chose de plus joli. La morale ? Non, car M. Jourdain veut se mettre en colère comme bon lui semble. La physique ? Non, M. Jourdain trouve cela trop compliqué. L’orthographe est demandée par M. Jourdain et aussi l’almanach pour les différentes phases de la lune.

La leçon commence par les voyelles et leur prononciation. Ensuite, le maître explique à M. Jourdain la signification de la prose et des vers. M. Jourdain veut écrire un billet doux à Dorimène et demande la façon la plus joli de l’écrire. Sa leçon terminée, le maître philosophe se retire.

Scène V

Le maître tailleur fait son entrée. M. Jourdain se plaint de son habit et de ses souliers qui le blessent mais le maître tailleur rétorque que ce ne sont que des imaginations. Il défend son travail en disant qu’il a fait l’habit de M. Jourdain comme tous les habits des gens de qualité. Quatre garçons l’aident à enfiler son habit neuf et M. Jourdain se promène entre eux en recherchant les compliments et les flatteries. Un des garçons l’appelle « gentilhomme » et M. Jourdain en est tellement content qu’il lui donne de l’argent pour le récompenser. Viennent ensuite d’autres appellations flatteuses dont « Monseigneur » , « Votre grandeur » qui valent à leurs auteurs de belles récompenses.

ACTE III

Scène première

M. Jourdain désire aller faire une promenade en ville afin de montrer son nouvel habit. Il demande à ses deux laquais de l’accompagner mais avant de se mettre en route, il fait appeler Nicole, la servante de la maison afin de lui donner des ordres.

Scène II

Nicole ne peut s’empêcher de rire en voyant la façon ridicule dont M. Jourdain est vêtu. Celui-ci menace de lui donner un soufflet si elle n’arrête pas de se moquer de lui. M. Jourdain lui demande de bien nettoyer la maison pour les invités qui doivent venir le soir même. À l’annonce de visiteurs, Nicole n’a plus du tout envie de rire.

Scène III

Madame Jourdain, apercevant son mari, lui demande pourquoi il s’est habillé de façon à faire rire tout le monde à ses dépens. Elle lui fait des reproches sur sa façon de vivre et Nicole se plaint également du trop grand nombre de visiteurs qui salissent continuellement la maison. Mme Jourdain conseille à son mari de chercher un époux pour sa fille au lieu de prendre des cours qui ne sont plus de son âge. M. Jourdain réplique qu’il désire devenir un homme de qualité et être capable de bien raisonner en compagnie d’honnêtes gens. Il déclare avoir honte de l’ignorance de sa femme et de sa servante. Mme Jourdain reproche à son mari de trop fréquenter les nobles et un certain Monsieur le comte qui lui emprunte continuellement de l’argent. M. Jourdain rétorque que ce comte parle de lui au Roi et c’est un honneur qu’il vienne dans sa maison. Il ajoute que c’est un honneur de lui prêter de l’argent car c’est un homme de qualité. De plus, il est certain que Dorante, le gentilhomme lui rendra tout ce qu’il a emprunté. Mme Jourdain n’y croît pas.

Scène IV

Dorante fait une entrée flamboyante. Il couvre M. Jourdain de flatteries et de compliments mais Mme Jourdain n’est pas dupe. Dorante déclare vouloir rendre tout ce qu’il doit à M. Jourdain. Il lui fait compter tout l’argent dû et demande qu’on lui en prête encore plus qu’il rendra au premier jour. Mme Jourdain essaie d’ouvrir les yeux de son mari mais en vain. Dorante dit qu’il ira chercher ailleurs si M. Jourdain refuse. M. Jourdain accepte de prêter encore plus d’argent à Dorante. Mme Jourdain traite M. Jourdain de vrai dupe. Celui-ci rétorque qu’il ne peut rien refuser à un homme qui parle de lui au Roi.

Scène V

Dorante s’entretient avec Mme Jourdain et lui demande où se trouve sa fille, Lucile, et comment elle se porte. Mme Jourdain lui répond sèchement que Lucile est bien où elle est et qu’elle se porte sur ses deux jambes. Dorante les invite à venir voir un jour, le ballet et la comédie que l’on présente chez le Roi.

Scène VI

M. Jourdain apporte l’argent à Dorante et celui-ci le remercie en lui promettant les meilleures places au divertissement royal. Dorante annonce que la marquise Dorimène viendra dîner chez M. Jourdain et qu’elle a accepté le diamant que M. Jourdain lui a offert par l’intermédiaire de Dorante lui-même. Il ajoute que les femmes aiment les dépenses que l’on faits pour elles. M. Jourdain avoue qu’il est prêt à toutes les folies pour conquérir une femme de qualité. Mme Jourdain demande à Nicole d’essayer d’écouter ce que les deux hommes se disent. M. Jourdain confie à Dorante qu’il sera libre au dîner car sa femme ira chez sa sœur où elle passera tout l’après-dîner. Dorante a tout préparé et c’est lui qui a donné les ordres au cuisinier de M. Jourdain pour le dîner en l’honneur de Dorimène. M. Jourdain aperçoit soudain Nicole qui écoute et lui donne un soufflet.

Scène VII

Nicole fait son rapport à Mme Jourdain et lui dit qu’il y a anguille sous roche. Les deux hommes parlent d’une affaire où Mme Jourdain n’est pas la bienvenue. Mme Jourdain sait que son mari la trompe depuis longtemps et n’est pas surprise. Cependant, elle veut le bonheur de sa fille, Lucile, et elle veut la marier à Cléonte, dont Lucile est amoureuse. Elle demande à Nicole d'aller parler à Cléonte et lui dire qu’il vienne la trouver tout à l’heure afin de faire sa demande à M. Jourdain. Nicole obéit et cours faire la commission.

Scène VIII

Cléonte accueille Nicole avec colère et ne veut rien entendre de ce qu’elle a à lui dire. Nicole cherche à comprendre la raison de cette colère et demande à Covielle, le valet de Cléonte. Covielle lui demande de s’en aller et de les laisser en paix. Nicole cours raconter cette histoire à Lucile.

Scène IX

Cléonte se plaint à Covielle du fait que Lucile, lors d'une rencontre fortuite, l’a totalement ignoré. Il la traite d’ingrate et de perfide. Covielle se plaint de Nicole de la même façon et la traite de pendarde. Les deux hommes énumèrent tous les services et les soins rendus à ces dames qui les payent en leur tournant le dos. C’est une véritable trahison. Cléonte veut rompre avec Lucile et demande à Covielle d’en dire tout le mal qu’il pourra. Mais, tous les efforts de Covielle pour déprécier Lucile sont vains car Cléonte en est encore follement amoureux et ne voit que ses qualités. Toutefois, il mijote sa vengeance.

Scène X

Nicole raconte à Lucile la façon dont Cléonte l’a traitée. Lucile croit connaître l’explication de cette étrange attitude de Cléonte. Lucile demande à Cléonte si c’est bien la rencontre de tantôt qui l’a mis en colère. Cléonte confirme le fait. Lucile tente d’expliquer pourquoi elle l’a ignoré mais Cléonte ne veut rien entendre malgré tous les efforts de Lucile. Nicole essaie de même avec Covielle mais en vain, il ne veut rien entendre lui non plus et la traite de traîtresse. Lasse, Lucile renonce à s’expliquer et s’apprête à sortir lorsque Cléonte se ravise et veut savoir le fin fond de l’histoire. Lucile et Nicole ne veulent plus rien dire malgré les supplications de Cléonte et de Covielle. Cléonte et Covielle menacent alors de se tuer si Lucile et Nicole refusent de s’expliquer. Lucile, ébranlée, raconte alors que c’est une vieille tante qui est la cause de tout. La seule approche d’un homme est un déshonneur pour une fille, d’après elle. Tous les hommes sont des diables et les saluer équivaut à la perte de son âme. Voilà pourquoi Lucile et Nicole ont ignoré les deux jeunes hommes. Cléonte et Covielle les croient et s’en trouvent apaisés.

Scène XI

Mme Jourdain rencontre Cléonte et lui rappelle de demander Lucile en mariage à son mari qui vient. Cléonte est enchanté et trouve cet ordre charmant.

Scène XII

Cléonte fait sa demande à M. Jourdain. Celui-ci veut savoir si Cléonte est un gentilhomme. Devant la réponse négative du jeune homme, M. Jourdain refuse de lui donner sa fille en mariage. Mme Jourdain rappelle à son mari qu’il n’est pas gentilhomme lui-même car son père n’était qu’un simple marchand. Mais M. Jourdain déclare qu’il veut avoir un gentilhomme pour gendre. Mme Jourdain préfère pour sa fille un honnête homme riche et bien fait qu’un gentilhomme gueux et mal bâti. M. Jourdain ajoute qu’il veut faire de sa fille une marquise. Mme Jourdain n’est pas d’accord car les alliances avec plus grand que soi sont sujettes à de fâcheux inconvénients. M. Jourdain lui reproche de vouloir rester dans la bassesse et lui ordonne de se taire. Mme Jourdain demande à Lucile d’essayer de convaincre M. Jourdain qu’il a tort.

Scène XIII

Cléonte est désespéré mais Covielle lui conseille d’user de ruse pour obtenir la main de Lucile car avec un homme aussi fou que M. Jourdain, il n’y a pas d’autres solutions. Covielle a un plan qu’il explique à Cléonte.

Scène XIV

Un laquais annonce à M. Jourdain, l’arrivée de Monsieur le Comte et d’une dame qu’il mène par la main. M. Jourdain a des ordres à donner et demande de les faire attendre un peu.

Scène XV

En attendant M. Jourdain, Dorante converse avec Dorimène. Dorimène exprime ses scrupules à recevoir tellement de cadeaux et d’attentions de la part de Dorante, dont un magnifique diamant. Et ce dîner fastueux commandé par Dorante qui veut lui exprimer son amour et obtenir sa main, est selon elle, de folles dépenses dont elle n’a jamais exprimé le besoin. Dorimène est veuve et hésite à se marier une seconde fois. Les dépenses de Dorante, payées par M. Jourdain ce qu’elle ignore, l’inquiètent car elle ne veut pas s’engager. Mais, Dorante annonce soudain l’arrivée du maître du logis.

Scène XVI

M. Jourdain fait sa révérence à Dorimène comme lui a enseigné le maître à danser. Il exagère un peu. M. Jourdain souhaite la bienvenue à Dorimène en longues phrases ampoulées ce qui fait bien rire Dorante. Dorimène juge son homme aussitôt. Dorante conseille tout bas à M. Jourdain de ne point parler du diamant offert à Dorimène, car ce serait vilain et indigne d'un gentilhomme. Ils peuvent passer à table car tout est prêt. M. Jourdain ordonne de faire venir les musiciens.

ACTE IV

Scène première

Dorimène trouve le repas tout à fait magnifique mais M. Jourdain le juge indigne d’elle. Dorante fait les honneurs de la maison de M. Jourdain. Il explique à Dorimène que c’est lui qui a commandé le dîner et, bien que le repas ait coûté fort cher, il aurait bien aimé en préparer un encore plus fastueux. Bien entendu, c’est M. Jourdain qui a tout payé. Dorimène montre son diamant à M. Jourdain et celui-ci la complimente sur ses belles mains et dédaigne la pierre. Dorante leur demande de faire silence car les musiciens et la musicienne commencent à chanter des chansons à boire, accompagnés de toute la symphonie. Dorimène est enchantée et M. Jourdain la couvre de compliments et de flatteries de toutes sortes.

Scène II

Mme Jourdain entre et surprend M. Jourdain en train de faire sa cour à Dorimène. Dorante explique que c’est lui qui donne le dîner pour Dorimène et M. Jourdain ne fait que lui prêter sa maison. Mme Jourdain n’est pas dupe et elle fait des reproches à Dorimène de se laisser courtiser par un homme marié. Dorimène n’y comprend plus rien et sort. M. Jourdain demande à Dorante de la ramener et demande à sa femme de s’excuser mais Mme Jourdain s’en moque et sort.

Scène III

Covielle fait son entrée déguisé et se présente à M. Jourdain comme un grand ami de son père qui était, d’après lui, un fort honnête gentilhomme. M. Jourdain est enchanté d’apprendre que son père n’était pas marchand mais gentilhomme. Covielle annonce qu’il a voyagé partout dans le monde et est revenu depuis quatre jours. Il vient annoncer à M. Jourdain une nouvelle incroyable. Le fils du Grand Turc est amoureux de Lucile, la fille de M. Jourdain et désire l’épouser. De plus, il veut faire de M. Jourdain un Mamamouchi, c’est-à-dire un paladin, ce qui rendra M. Jourdain égal au plus grands seigneurs de la terre. M. Jourdain veut qu’on le mène immédiatement chez le fils du Grand Turc mais Covielle lui annonce qu’il viendra lui rendre visite dans sa maison. M. Jourdain est enchanté mais il a peur que Lucile refuse ce mariage car, elle est amoureuse de Cléonte. Covielle le rassure car le fils du Grand Turc ressemble à s'y méprendre à Cléonte…

Scène IV

Cléonte fait son entrée déguisé en Turc et souhaite dans la langue turque, que le cœur de M. Jourdain soit toute l’année comme un rosier fleuri. Covielle sert d’interprète. Cléonte demande à M. Jourdain d’aller se préparer pour la cérémonie de Mamamouchi et de conclure ensuite le mariage avec Lucile. M. Jourdain s’empresse d’obéir.

Scène V

M. Jourdain parti, Cléonte et Covielle rient de bon cœur en se moquant de la crédulité de M. Jourdain. Ils aperçoivent Dorante et lui expliquent toute l’affaire. Pendant que Covielle donne à celui-ci des détails, la cérémonie turque pour ennoblir M. Jourdain commence en danse et en musique.

ACTE V

Scène première

Mme Jourdain, apercevant M. Jourdain habillé pour la cérémonie, lui demande qui l’a fagoté comme cela. M. Jourdain exige plus de respect car il est maintenant un Mamamouchi. Mme Jourdain n’y comprend rien et exige des explications. M. Jourdain se met à parler en langue turque et Mme Jourdain, convaincue qu’il a perdu l’esprit, sort.

Scène II

Dorante, désireux d’aider Cléonte, demande à Dorimène d’appuyer sa mascarade. Dorimène accepte d’aider Cléonte et aussi de se marier avec Dorante afin qu’il cesse ses folles dépenses pour la conquérir. Ils se taisent en voyant arriver M. Jourdain.

Scène III

Dorante rend hommage à M. Jourdain pour sa nouvelle dignité et le félicite pour le mariage de sa fille avec le Grand Turc. M. Jourdain le remercie à la turque et s’excuse auprès de Dorimène du comportement de Mme Jourdain. Dorante demande où est Son Altesse Turque et M. Jourdain dit qu’il le voit venir et demande qu’on aille chercher sa fille pour lui donner sa main.

Scène IV

Dorante s’incline devant Cléonte déguisé et lui présente ses respects. Cléonte lui répond en langue turque que Covielle s’efforce de traduire du mieux qu’il peut. Le Grand Turc dit que la pluie des prospérités arrose en tout temps le jardin de la famille de Dorante. Dorante trouve cette phrase admirable.

Scène V

En apercevant Lucile, M. Jourdain lui demande de s’approcher et de donner sa main au fils du Grand Turc. Lucile demande à son père si c’est une comédie mais M. Jourdain lui affirme que c’est le mari qu’il lui destine. Lucile refuse de se marier avec le fils du Grand Turc. Mais, reconnaissant Cléonte, elle se ravise et obéit à son père en acceptant le mariage. M. Jourdain est ravi d’avoir une fille si obéissante.

Scène VI

Mme Jourdain, n’ayant pas reconnu Cléonte, s'oppose de toutes ses forces à ce mariage insensé. Elle s’étonne que sa fille consente à épouser un Turc et oublie Cléonte si vite. Elle traite sa fille de coquine. Covielle prend Mme Jourdain à part et lui explique toute l’affaire. Mme Jourdain annonce aussitôt qu’elle consent au mariage et envoie quérir un notaire. Dorante annonce qu’il se servira du même notaire pour son mariage avec Dorimène, ce qui apaise la jalousie de Mme Jourdain envers son mari. M. Jourdain pense que Dorante annonce son mariage avec Dorimène dans le simple but de confondre Mme Jourdain et il accepte. M. Jourdain donne Nicole en mariage à Covielle qui accepte de bon cœur. En attendant le notaire, tout le monde se divertit en regardant le ballet donné en l’honneur du fils du Grand Turc.

La pièce se termine avec un ballet nommé « Ballet des Nations » . Pour ce ballet, Molière eut la collaboration de Lully, non seulement pour la partie musicale mais pour les vers italiens, et celle de Quinault pour les vers français.

Le Bourgeois gentilhomme est une Comédie-ballet faite pour le divertissement du Roi Louis XIV et représentée en public à Paris, pour la première fois sur le théâtre du Palais-royal, le 23 novembre 1670, par la Troupe du Roi.

Résumé : Le père Goriot d’Honoré de Balzac (1835)

Résumé : Le père Goriot d’Honoré de Balzac (1835)

Le père Goriot a fait fortune dans le commerce du vermicelle et des pâtes d'Italie. Maintenant il songe à se retirer des affairés, afin de trouver pour ses filles chéries, Delphine et Anastasic, un brillant mariage; car toutes deux veulent être comtesses, ou au moins baronnes. Et comment un noble consentirait-il à épouser la fille d'un marchand de vermicelle? Ce n'est pas toutefois sans un vif regret que le brave homme dit adieu à ses pâtes et à ses farines; c'est au milieu d'elles qu'il voudrait vivre et mourir : ne l'ont-elles pas fait millionnaire? mais il le faut, ses filles l'exigent; et le père Goriot vend son fonds de vermicellier.

Une fois retiré, ce n'est plus qu'un ancien négociant, avec un capital de deux millions. Delphine et Anastasie peuvent choisir un mari; l'une épouse un baron de Mecingen, et l'autre devient comtesse de Restaud. Avant d'arriver là, il a bien fallu faire des sacrifices d'argent. De son immense fortune, il ne s'est réservé que dix mille francs de rente : mais que lui importe, pourvu que ses deux filles soient riches et heureuses? Dix mille francs de rente! il ne lui en faut pas tant pour vivre; il peut encore employer les quatre cinquièmes de son revenu à leur faire d'utiles cadeaux. Dans bien des circonstances, pour une foule de coûteuses frivolités, de petites nécessités de toilette, le père Goriot est encore la providence de ces dames : aussi le reçoit-on bien, le fête-t-on, en famille seulement, cela va sans dire, et en petit comité : devant le monde on rougirait de lui.

Enfin ce bonheur-là suffît encore au père Goriot ; il voit ses chères enfants aussi souvent qu'il lui plaît. De temps en temps ses gendres daignent le visiter dans son petit appartement ; on laisse bien échapper parfois quelques dures paroles, quelques sarcasmes blessants ; le père Goriot s'en afflige un moment, et finit par en prendre son parti. Car après tout on l'aime, pense-t-il;  au moins on le lui dit. Encore si cela durait!

Mais les ruineuses prodigalités de ses filles diminuent chaque jour son dernier capital. Les gendres, qui jusque-là supposaient encore au beau-père un joli reste de fortune, s'aperçoivent qu'il n'a presque plus rien, une centaine de mille francs peut-être. C'est bien la peine vraiment de se gêner pour si peu, de subir à tout instant des humiliations à cause d'un pareil homme ! On ne le reçoit plus que rarement et avec froideur ; on ne manque aucune occasion de lui faire sentir que sa présence fatigue et contrarie : le père Goriot, quoique affligé de ce refroidissement, tient bon néanmoins. Il vient pour voir ses filles, pour être témoin de leur bonheur ; car c'est là tout le sien désormais. Mais enfin on se lasse, on le congédie, on le met à la porte. Pauvre père Goriot

Alors il quitte son joli logement, il renonce à ses beaux meubles, à tout ce qui faisait sa vie de garçon agréable et commode. Il abandonne les élégants quartiers de la capitale pour s'exiler au faubourg Saint-Jacques, dans une pension bourgeoise des deux sexes ; il choisit une chambre au premier étage, où il puisse recevoir Delphine et Anastasie sans les faire rougir, si, comme il l'espère, elles viennent encore le voir de loin en loin.

Voilà donc le père Goriot, millionnaire il y a deux ans, devenu aujourd'hui pensionnaire de la maison Vauquer ! Il commence à comprendre qu'il a eu tort peut-être de se mettre à la merci de ses gendres, de ne rien refuser à ses filles. Se voyant délaissé, maintenant qu'il est pauvre, il s'aperçoit enfin qu'on le choyait auparavant seulement parce qu'il était riche ; il sent la faute qu'il a commise. Son revenu est bien mince à présent ; mais comme son premier besoin, sa première nécessité est de voir ses filles, il trouve encore moyen d'économiser pour elles ; c'est pour elles qu'il réduit ses dépenses, qu'il supprime toutes superfluités, qu'il se prive de tout, même du nécessaire : il entasse écu sur écu pour les voir quelquefois. En effet, quand par hasard elles viennent encore le visiter dans sa modeste chambre, il sait bien que ce n'est plus pour lui, pauvre vieux, mais pour son or. N'importe, il est encore trop heureux de les voir à ce prix. Pour amasser de cet or, il diminue tous les jours sa dépense, monte successivement du premier étage de la maison jusqu'à la mansarde. Pour faire face à toutes les folles dépenses de ses filles, il se défait peu à peu de tous les débris de son ancienne opulence, il vend son argenterie, il vend sa montre, sa chaîne, tous ses diamants ; enfin il est ruiné, il a tout vendu, jusqu'aux bijoux de sa défunte. Que faut-il de plus ?

Mais les grandes dames sont toujours là, lui demandant de l'or. « Allons, pauvre Goriot !, pour donner à tes filles une robe de bal, ou payer quelques dettes secrètes, vend sa dernière ressource, le morceau de pain qui te reste et te fait vivre ; et quand tu auras aliéné ta pension alimentaire, quand tu auras tout donné, hâte-toi de mourir, va-t'en de ce monde où tu n'es plus bon à rien. »
Ainsi arrive-t-il. Le père Goriot n'a pas même, à ses derniers moments, la consolation de bénir ses filles ; il meurt sans les voir, les ingrates !

Outre le père Goriot et ses filles, il y a dans le roman d'Honoré de Balzac plusieurs figures secondaires dont nous n'avons pas parlé, parce que l'auteur a jugé à propos de ne les donner qu'en croquis, entre autres celle d'un étudiant en droit, Rastignac, l'amant d'une des filles du père Goriot ; jeune homme d'une famille noble, mais pauvre, venu à Paris pour faire son chemin ; esprit froid et calculateur qui veut étudier le monde pour le mieux faire servir à son élévation. Nous n'avons rien dit non plus de certains détails du livre, pleins d'exagération et de fausseté, où Balzac fait jouer gratuitement au père Goriot, dans l'intrigue de sa fille avec son amant, un rôle indigne et méprisable.